Ce matin, un ciel en furie tel une mer moutonneuse, un champ de bataille, du bleu d’encre, des lignes noires, des trous dans ma tête et mes doigts vaillants qui tambourinent sur le clavier. Les jours s’enfuient au gré de ces pages noircies de mots qui n’ont ni queue ni tête.
À travers la vitre du café, j’observe un ange qui s’affaire à nettoyer la voûte céleste. Il ajoute une toute petite goutte de teinture bleue et maquille l’immensité du ciel. J’en oublie mon rêve, mon âge et les craquètements de mes os usés. De toute jeune et verdâtre comme mon arbre de prédilection, je suis devenue un vieux « tremble » qui tremblote à l’occasion. Au fond du lot, cet arbre majestueux et moi vieillissons ensemble. Notre manteau d’écorce tacheté devient plus friable; mais notre sève s’assagit un tantinet plus sage chaque jour.
J’ai des millions de mots dans ma besace qui, jour après jour, me bricolent un scénario quasi convenable. Oui, oui! Mon imagination possède ce pouvoir. Chaque matin, elle me tricote un peu de chaleur. Elle se souvient d’anciennes victoires, de trophées mérités, de bouilles magnifiques que j’aurais dû aimer.
« Écrire n’est possible qu’en écrivant », selon le célèbre écrivain Robert Lalonde. Tout ce que je souhaite c’est sortir de ma tête de jolies phrases, des adverbes impardonnables, et des mots hors du commun qui produiraient une réelle histoire. Je tente d’apaiser mes hésitations et mes craintes; j’ai peur des fantômes qui risqueraient de me contredire. Devant moi ce matin, ma page blanche se révèle aussi vaste que le désert du Sahara.
De retour à ma table de cuisine, je respire la sueur des fleurs fanées de septembre. Vieillotte, je tremblote; je maudis le tictac endiablé du temps. Verrai-je bientôt l’ailleurs promis aux femmes de bonne volonté? J’essaie d’endormir ma tête, mais elle s’entête à vouloir rêver les yeux grand ouverts. Morphée pourrait-il m’oublier au mitan du lit?
Après quelques cafés pour me réveiller, et peut-être un ou deux biscottis, je commence à écrire pendant que le linge se lave tout seul dans la machine. Cinq ou six fois par jour, je cherche mes lunettes grossissantes. Elles se trouvent peut-être sous un coussin, sur une table embourbée de livres, derrière un divan ou dans ma Mini. Je cherche toujours quelque chose.
À travers l’immense mur de fenêtres de ma cuisine, je vois l’automne brunir; le vent froidir. Les petits oiseaux ont vidé toutes les mangeoires. Vont-ils migrer, dormir dans le creux d’un arbre ou dans le feuillage d’un conifère? Comme chaque année, avant l’arrivée de la neige, je leur étalerai un réel festin.
Jeunette, je me souviens, j’écrivais dans la cave, tout près de la vieille machine à laver.
En bruit de fond, le tordeur grincheux se lamentait. Les yeux jaunes brillants du bonhomme sept-heures m’épiaient à travers la vitre. J’avais 7 ou 8 ans quand j’ai composé mes premiers poèmes. Mon père affilait la mine noire de mon crayon avec son couteau de poche. Ma mère me donnait l’envers des feuilles du calendrier. J’écrivais de nouveaux mots, de courtes phrases, des débuts d’historiettes que je cachais dans la taie de mon oreiller.
Sur la table de cuisine en Formica, nous découpions nos dessins d’enfants et les collions avec la chair cuite d’une patate sur l’envers d’une page désuète de calendrier. En hiver, nous patinions sur la glace du petit ruisseau; mon nez coulait, mes jeunes années s’écoulaient.
Plus tard, installée sur un banc de parc, j’ouvrais mon calepin et je prenais mon stylo bleu. J’y déposais une première phrase, une seconde pareillement boiteuse. Avec des feuilles mortes à mes pieds et quelques fourmis grimpant sur ma jambe, l’attente du bon mot s’est toujours avérée insupportable pour moi.
Assise à ma table, perdue dans mes pensées, une autre bribe du passé jaillit. Avril 2016, à Kyoto. Les cerisiers en fleurs habillés de toutes les teintes de rose et de blanc. Je visite à pied le quartier des geishas de Gion. Leurs visages et leurs cous entièrement fardés de blanc; leurs lèvres rouge profond font de leurs maquillages de véritables œuvres d’art. Leurs costumes sont des tableaux de maîtres et leurs sourires, des souvenirs immortels…
Je termine ma lettre d’aujourd’hui avec les extraordinaires mots du grand écrivain Nikos Kazantzakis dans son dernier livre intitulé : « Lettre au Greco ».
« Mon âme tout entière est un cri, mon œuvre, l’interprétation de ce cri… »
Je m’efforce de consoler ce cœur vieillissant, de l’amener à dire librement OUI!
Vieillie si vite, j’ai souvent l’impression d’avoir trop travaillé. Je n’ai jamais appris ni à danser ni à aimer. Quelques fois, j’entends mon cœur battre comme un grondement de tonnerre. Peut-être est-ce une cloche qui sonne ou une sirène de pompier; ou encore un bel amoureux qui plonge dans ma cheminée.
Très chers lecteurs, le ciel ce matin était chargé d’immondices et je peinais à écrire. Était-ce le ciel en furie? Était-ce moi? Était-ce mon cœur vieillissant qui s’acharne à vouloir aimer?
Cora
❤️
Chère dame Mireille Mathez,
Merci de me lire chaque dimanche! Vers la fin de l’été, vous me demandiez ma fameuse recette de gâteau au citron et graines de pavot. La voici, juste à temps pour les Fêtes! Bien sûr, vous pouvez aussi essayer la recette de Ricardo et peut-être comparer. Comme mes amis sont gourmands, moi je double toujours les ingrédients pour obtenir un gros gâteau.
Avant de commencer, assurez-vous de placer la grille au centre du four et de le préchauffer à 350 °F (180 °C). Choisissez un moule assez grand. Le mien, celui que j’utilise depuis 50 ans, mesure 14 pouces de long, 5 pouces de large et 3 pouces de profond. De toute façon, vous pourriez aussi verser la préparation dans deux moules plus petits ou ronds, à votre convenance.
L’histoire de ma vie a souvent consisté à survivre et pourtant, arrivée à 77 ans avec toutes mes dents, je découvre que vivre est beaucoup plus simple que je ne l’imaginais. Je n’essaie plus de comprendre les autres autour de moi; je ne fais que les aimer, les gâter et leur offrir de petits plaisirs à l’occasion. Ma progéniture adore le gâteau citron-pavot et je double toujours la recette pour en donner aux enfants, à ma voisine et surtout à mes vieux amis du café, qui dévorent aussi mes petits pots de confitures maison.
D’abord, chère Mireille, pour une recette double, lavez soigneusement 6 citrons et râpez leur zeste finement. Dans un grand bol, mélangez 3 tasses et demie de farine blanche tamisée, 2 cuillères à soupe de graines de pavot et 4 cuillères à thé de poudre à pâte.
Depuis quelques années, j’ajoute une troisième cuillère de graines de pavot à ma recette. Mon grand ami Éric, cuisinier émérite, m’a appris les vertus de cette fameuse graine. Riches en calcium, les graines de pavot renforceraient les os et les cheveux; elles favoriseraient aussi une bonne santé cardiaque. Leur importante teneur en fer et en manganèse permettrait également aux personnes souffrant d’anémie de lutter contre la fatigue. Mon ami cuisinier m’a jadis avertie que les graines de pavot ont tendance à rancir. Ce n’est pas mon cas parce que je prépare souvent ce gâteau et, si vous le réussissez bien, je vous assure que vous renouvellerez rapidement l’expérience vous aussi.
Mais revenons à nos moutons. Dans un autre grand bol, mélangez avec un batteur électrique les ingrédients suivants jusqu’à ce que la préparation soit homogène : 1 tasse de beurre non salé, 6 œufs, 2 tasses et demie de sucre blanc, le zeste finement râpé de 6 citrons et le jus de 3 citrons. Ajoutez ensuite le mélange de farine blanche, de graines de pavot et de poudre à pâte. Pressez ensuite le jus des 3 autres citrons et réservez pour en faire un léger glaçage.
Lorsque l’appareil à gâteau est bien brassé, tapissez le moule de papier parchemin finement arrangé, versez-y le mélange et enfournez. Le gâteau doit cuire pendant presque une grosse heure, mais c’est toujours le test du cure-dent qui me confirme que le temps de cuisson est terminé. Bien sûr, je me fie aussi à l’odeur qui sort du four et à la couleur du gâteau bien cuit. À force de cuisiner ce délice, vous deviendrez vite une experte.
Pendant que le gâteau achève de cuire, je mélange le jus de 3 citrons avec trois quarts de tasse de sucre à glacer et un peu de lait dans une petite casserole. Tout doucement, en brassant, le glaçage épaissit. Je l’étends ensuite sur le gâteau refroidi.
Avant de commencer, assurez-vous d’avoir au moins 6 gros œufs dans le frigo. Oui, oui! L’hiver dernier, en pleine tempête de neige, alors que le sucre et le beurre non salé étaient déjà mélangés dans mon grand bol et que quatre pieds de neige collante m’empêchaient de sortir mon véhicule de mon stationnement, j’ai dû attendre plusieurs heures avant que mon voisin puisse déblayer mon entrée. Vite, vite, je me suis alors précipitée chez IGA pour acheter les plus gros œufs, les extra gros que j’ai fouettés avec le beurre et le sucre blanc en priant mon idole décédée, cette très chère Jehane Benoît, celle-là même qui personnifiait la véritable cuisine québécoise et qui m’a appris la plupart de ce qu’aujourd’hui j’en connais. Elle m’a entendue, car mon gâteau était réussi. Une cuisinière avertie en vaut deux : chère Mireille, n’oubliez pas les œufs, extra gros de surcroît!
Lettre après lettre, comme des feuilles d’automne qui tombent de l’arbre, je vous ai candidement raconté ma vie, mes misères, mes défis, et cet affreux célibat, qu’assoiffée, je porte encore comme une cruche vide cherchant le puits.
Peut-être devrais-je inviter l’ami Claude à la maison pour râper le zeste de mes citrons?
Cora
❤️
La mer était calme, mais dans ma tête, un millier de poissons géants grugeaient mes méninges. Quelle folie que cette croisière! Surtout ces temps-ci, alors que toute notre vaillante équipe du bureau s’affaire à revigorer notre image, à composer de nouveaux plats et à élaborer des surprises pour vous enchanter. Pourquoi donc suis-je partie? Tout probablement pour tenter de lâcher prise et de laisser le champ libre à la panoplie d’experts qui m’entoure.
Malgré le petit balcon, une vue incomparable, le doux roulis des vagues, le grand lit king, six gros oreillers juste pour moi, et une télé presque aussi grande qu’un écran de cinéma, je m’ennuyais de mon monde du café matinal avec mes vieux amis, de mon iPad, de mes pages blanches à noircir et de réaliser les projets qui, comme toujours, dansaient dans ma caboche.
Tout mon entourage m’avait pourtant encouragée à prendre le large et à me reposer en découvrant non seulement l’Alaska, ses immenses glaciers et ses superbes totems, mais aussi les gigantesques buffets flottants, les mille et une pâtisseries envoûtantes et l’armada de restaurants du bateau où je m’attablais comme si j’étais la vieille reine d’Angleterre. Tout était merveilleusement bon et, pourtant, je trouvais le temps long devant toute cette bombance.
Toute ma vie, j’ai eu faim de vivre et soif de partager mes projets avec mes enfants, mes proches, mes collègues et tous ceux qui aiment mon gros Soleil jaune. J’ai arpenté le grand navire de long en large, mais je ne me suis pas laissé tenter par son casino ni par ses spectacles en soirée. Je n’ai pas l’habitude de ce genre de divertissement. Sur cet immense palais mouvant, j’ai expérimenté la chose nommée « vacances » et je dois avouer que le travail, l’écriture, les projets imminents et le constant désir d’améliorer mon destin me manquaient terriblement. Être en affaires, c’est comme tricoter lorsqu’on en raffole; on n’arrête jamais. Une maille à l’endroit, une maille à l’envers. Progresser, peu importe le projet, réchauffe mes vieux os.
La plupart des passagers étaient des couples, habitués aux croisières, à la vie de pacha, aux différents forfaits d’alcool et aux repas festifs. Et moi, je tournais en rond. Dans les ascenseurs, je montais, je descendais, je me trompais chaque fois de palier. Je mélangeais le sud et le nord. Un jeune Pakistanais en uniforme m’a pourtant expliqué la différence entre « tribord et bâbord ». Où se trouvaient donc les musiciens, les chanteurs, les magiciens? Où étais-je, si loin de mon gros Soleil?
Le bateau était immense, peut-être aussi gros que la ville de Québec avec ses banlieues. Sur cette île flottante, je perdais mes repères. Même lorsque la lune se montrait avec ses milliards d’étoiles, le navire ronronnait aussi vrai qu’une ville de rêves, de jeux et d’immenses mangeailles.
J’avais l’impression que ce voyage idyllique n’attirait que les têtes blanches. Certes, il y en avait beaucoup, mais c’est le grand nombre de familles asiatiques qui m’a le plus surprise, lesquelles comprenaient souvent une vaillante grand-mère pour garder les petits. J’aurais eu besoin moi aussi d’une nounou pour me raconter une histoire avant de m’endormir. Aurais-je mangé trop de sucreries?
Après deux jours consécutifs en mer, nous avons finalement mis pied à terre et marché plus de trois kilomètres pour atteindre le petit village de Sitka où nous avons admiré plusieurs totems et félicité les quelques artisans sculpteurs à l’œuvre devant les touristes. Le micro-village de pêcheurs m’a fait penser au plus pauvre village de ma Gaspésie natale : une église en bois, un cimetière bric-à-brac et des bateaux de pêche usés et vétustes à profusion.
Bien sûr, à chaque arrêt du bateau, les touristes se ruaient sur les tréteaux de bébelles. Des bas, des casquettes, des chandails identifiés ALASKA et des ours polaires ou des baleines miniatures de tout acabit. J’ai moi-même reluqué, tâté et examiné un beau châle orné de dessins inuits. Je l’ai pourtant replacé parce qu’une jeune Américaine le voulait. Tous ces petits villages que nous avons visités s'avéraient quasi identiques et avaient tous la même fonction : attirer les touristes et gagner quelques sous.
En soirée, je retrouvais mon groupe et nous soupions tous ensemble, toujours au même restaurant dont le menu changeait quotidiennement. Vous connaissez déjà mon penchant pour les produits de la mer. J’ai profité du festin qui s’offrait à nous. Je me régalais de soupe à l’oignon ou de chaudrée de palourdes et de délicieuses assiettes de poisson presque chaque soir. L’extraordinaire service m’éblouissait : les tables impeccablement dressées, les corbeilles de petits pains tous plus savoureux les uns que les autres, les boules de beurre parfaitement rondes et la magnifique verrerie.
Une copine de mon groupe de Québécois m’apprit que le bateau abritait plus de deux mille passagers et que quelque mille employés se tenaient à notre service. Tout, absolument tout, était parfait, tellement bien coordonné, comme si une baguette magique gouvernait le navire. Le cinquième ou sixième jour en mer, nous nous sommes enfin approchés des glaciers géants. C’était presque incroyable d’admirer ces montagnes glacées immortalisées en photo par tous ceux qui s’en sont approchés.
Emmitouflée sur le plus haut pont extérieur du bateau, mes yeux dévoraient le paysage. Devant nous, des millions de clics clics photographiaient ces majestueuses beautés. Le vent soufflait et mon nez coulait allègrement. Lorsqu’enfin un banc de baleines approcha; elles sortirent leurs têtes de l’eau et tous les passagers applaudirent à l’unisson.
Ce spectacle grandiose emplit mon cœur de souvenirs. Peut-être était-ce la première fois que la nature m’émouvait autant. L’immense paquebot fit ses adieux aux glaciers bleu-mauve, tourna sur lui-même et reprit sa course vers le nord. Les passagers qui étaient restés dehors ont tous eu droit à un délicieux chocolat chaud ou à une soupe ramen au poulet.
Je faisais partie d’un groupe de trente-deux Québécois, tous mariés, sauf Aline et moi qui étions des célibataires endurcies depuis très longtemps. Bien sûr, j’ai beaucoup hésité à partir toute seule et je crois fermement qu’avec un amoureux, les glaciers auraient fondu plus rapidement. Quoi qu’il en soit, j’emprunte à ma manière la fameuse phrase de Jules César en 47 avant J.-C. :
« Veni, Vidi, Vici ».
J’y suis allée, j’ai vu et je suis revenue.
Cora
❤️
J’avais 20 ans et 153 jours lorsque j’ai rencontré l’homme qui deviendrait mon mari. Oie blanche, candide et timide, j’avais reçu une éducation classique chez les religieuses. Plutôt intellectuelle, je ne connaissais rien des plaisirs de la vie. Tout ce qui comptait pour moi était de me rendre à la Sorbonne de Paris où j’avais réussi à être admise pour devenir écrivaine, ce que je souhaitais à tout prix. À bien y penser, qu’aurais-je donc écrit, dites-le-moi, si je n’avais pas rencontré cet énergumène d’homme qui a bousillé treize années de ma vie de jeune femme?
Je l’avoue, sa beauté remarquable m’avait séduite. Moi qui avais étudié l’ancienne civilisation grecque, des statues d’Adonis j’en avais vu des centaines. Mais l’homme qui m’avait attirée sur la piste de danse était bien vivant. Même si ma copine était plus de son goût, une fois résigné à moi, il me regardait droit dans les yeux et mon cœur fondait comme neige au soleil. Je n’avais jamais dansé de ma vie et, pourtant, j’ai laissé son bras prendre ma taille et tout doucement me tirer vers lui.
J’aurais dû m’en douter. Dans l’histoire ancienne que j’ai étudiée, Adonis courtisait à la fois Aphrodite et Perséphone. Imaginez-vous donc que le grand Zeus, roi des dieux, dût trancher la rivalité : Adonis passerait quatre mois de l’année avec chacune et quatre mois avec la personne de son choix. Voilà, à peu de choses près, ce que l’homme faisait en me cachant ses multiples déesses.
Alors que j’étais enceinte d’un troisième enfant, le mari m’avait forcée à tout abandonner à Montréal pour aller vivre en Grèce où il croyait qu’il trouverait facilement un emploi et que l’argent coulerait à flots. Ne savait-il pas que tous les hommes de son âge avaient quitté leur village natal pour immigrer vers des pays plus prometteurs? Nous venions de passer près de dix mois à Krya Vrysi et nous ne possédions rien de plus qu’à notre arrivée, sauf une nouvelle bouche à nourrir. La belle-mère avait finalement convaincu son fils de retourner auprès de ses deux frères à Montréal en promettant qu’elle et sa fille viendraient nous rejoindre pour que je puisse travailler pendant qu’elles s’occuperaient des enfants.
Dans ma caboche, le désordre d’émotions s’amenuisait. Mon petit cœur pouvait enfin anticiper le meilleur. Lorsqu’enfin arriva l’argent des frères du mari, l’homme s’empressa de courir à Thessalonique pour réserver nos billets d’avion. Ma belle-sœur pleurait, sa mère bougonnait, et moi j’étais folle comme un balai. Les deux plus vieux comprenaient que nous retournerions dans le pays de « papou » (le grand-papa québécois) et ils sautaient de joie.
En allant chercher un pain, j’ai revu l’ami Thanassis qui remplaçait son père au comptoir de la boulangerie. J’étais hyper contente de le voir.
— « Quand partez-vous? »
— « Je ne connais pas encore la date exacte, mais le mari m’a promis que ce serait dans moins de dix jours. »
— « Ton mari, avança Thanassis, prendra assurément son temps pour barguigner le prix des billets. Tout le monde le fait avec Olympic Airlines. D’ailleurs, pour un homme aussi prétentieux et exceptionnel que lui, ça devrait certainement marcher! »
Quant à moi, j’étais contente et heureuse. Mon cœur battait la chamade tellement j’avais hâte de retourner au Canada. J’allais retrouver l’eau courante à la maison, le chauffage électrique, le téléphone, une machine à laver et, bien sûr, un téléviseur. Tout ceci compenserait amplement le fait de ne pas nous être baignés dans la mer Égée. L’hiver canadien avale toute la végétation, mais la neige épaisse nous permet de nous promener en traîneau.
Dans les villages grecs, en 1972, la plupart des maisons avaient des toits plats où l’on installait une ou deux cordes à linge dépendant du nombre de résidents. La dernière lessive avant notre départ s’avéra pour moi très difficile. Le vent de novembre me mordait les doigts alors que j’étendais le linge mouillé, lavé et essoré à la main. Raison de plus de vouloir partir le plus vite possible au lieu de m’user la peau jusqu’aux os! J’étais soulagée de rentrer au pays.
De retour au Canada, nous allions aussi retrouver le crémage sur les gâteaux, le pouding chômeur, les hot dogs « steamés », la moutarde, le ketchup, les frites et les patates pilées, le pâté chinois, les guimauves, le blé d’Inde en conserve, la mayonnaise, le beurre de « peanut », le caramel, le pain tranché pour faire de bons toasts, les grosses citrouilles décorées et les bonbons d’Halloween. Si nous nous pressions, peut-être verrions-nous dans les parterres et sur les devantures de maisons des sapins de Noël remplis de boules multicolores.
En arrivant à Thessalonique, il n’était plus question de prendre l’avion. Nous nous rendrions plutôt à Athènes en autobus et j’ai tout de suite eu peur. Je repensais à notre vieux chauffeur fou qui avait embouti un camion d’oranges. Heureusement, nous nous en étions sortis avec une bonne frousse, mais rien de plus. Cette fois, un jeune chauffeur s’assit au volant et je me suis calmée. J’avais les deux plus vieux collés chaque côté de mon corps et le tout petit endormi dans mon cou. J’ai commencé à leur fredonner « À la claire fontaine », mais le mari m’en a vite empêchée. Oui, oui! Je devais toujours parler aux petits en grec, même en chantant!
Les brigadiers de l’aéroport d’Athènes ont bien voulu nous offrir une platée de phrases rassurantes, mais dehors, un vent à écorner les bœufs faisait peur aux voyageurs. Le mari avait assis les deux plus vieux dans un grand chariot de magasinage avec nos deux valises. Le tout-petit dans mes bras n’arrêtait pas de pleurnicher. Dans la salle d’attente, tous les passagers semblaient inquiets. J’entendais les conversations et mon angoisse bondissait chaque fois d’un cran. Un certain vent très puissant nommé « Bora » terrorisait régulièrement la mer Égée et empêchait les avions de décoller.
Nous avions soif. Nous avions faim. Nous avions peur. Arriverions-nous à bon port? Le mari fumait une cigarette après l’autre et je récitais des « Je vous salue Marie ». Il nous fallut attendre au lendemain pour finalement partir. Tous les passagers à destination de Montréal, sauf probablement ceux voyageant en première classe, ont dormi sur des petits matelas de secours ou sur les bancs de la salle d’attente. Nous allions finalement quitter la Grèce. Le rêve du mari de travailler peu et de devenir riche ne se concrétiserait jamais.
Le lendemain matin, nous sommes embarqués dans l’oiseau géant et je me suis empressée de remercier le grand manitou. Puis, j’ai invoqué sa clémence pour qu’il m’aide à m’éloigner de l’époux. Il m’était impossible de me développer dans une atmosphère hostile où je n’étais ni reconnue ni appréciée. J’aspirais à vivre dans un monde plus noble, plus vertueux et plus généreux. Un monde où règne la bonté, la gentillesse, l’amour, le courage et la compassion. Je me savais honnête et vaillante et capable de me trouver un emploi pour nourrir mes petits.
Comme vous le savez sans doute, j’en avais encore pour quelques années à subir les affres du mari. Précisément jusqu’à un certain jour de novembre 1980. J’étais mariée depuis 13 longues années et, ce matin-là, mes enfants et moi avons pris notre courage à huit mains et nous nous sommes enfuis du logis pour toujours. Je venais enfin d’émerger de mon cauchemar.
Que reste-t-il à dire de ce fameux voyage en Grèce? L’Office national hellénique du tourisme vous dirait que « tous les touristes du monde qui visitent ce magnifique pays en reviennent éblouis ».
Essayez pour voir!
Cora
❤️
Franchises Cora Inc., chef de file des déjeuners au Canada, annonce avec fierté que la bannière comptera deux nouveaux restaurants dans l’Ouest canadien. Cette fois-ci, ce sont les villes de Medicine Hat en Alberta et de Brandon au Manitoba qui font rayonner le soleil Cora.
En juillet dernier, le restaurant de Medicine Hat a été inauguré. Il s’agit du vingtième restaurant à voir le jour dans la province de l’Alberta.
D’autre part, le restaurant de Brandon, quatrième établissement Cora au Manitoba, a ouvert ses portes en novembre dernier.
Les deux nouvelles franchises font partie du plan d’expansion pancanadien de la compagnie québécoise. Avec plus de 125 franchises, les restaurants Cora continuent d’offrir un menu diversifié de déjeuners et dîners colorés et un service de première qualité, le tout dans une chaleureuse atmosphère familiale.
Les restaurants Cora sont fiers d’annoncer que la marque devient désormais un partenaire de choix de la compagnie aérienne WestJet. En effet, le transporteur canadien offre dorénavant le déjeuner Cora dans sa cabine Privilège à bord de ses vols matinaux. Il s’agit d’une délectable marque de confiance à l’égard notre entreprise, la pionnière des restaurants de déjeuners au Canada!
WestJet propose, depuis le 26 juin, un déjeuner Cora sur la plupart de ses vols d’une durée de deux heures et demie et plus. Les plats offerts sont inspirés des repas déjà prisés des mordus des déjeuners Cora : les oeufs Ben et Dictine à la dinde fumée, la Cassolette de légumes et l’Omelette au cheddar vieilli et aux épinards avec saucisse à la dinde.
Il s’agit d’une savoureuse opportunité pour Cora déjeuners d’accroître sa notoriété et de faire découvrir son menu auprès d’un public voyageur en donnant aux passagers de WestJet la chance de savourer un déjeuner Cora dans la cabine Privilège du transporteur.
Bon voyage!
Franchises Cora inc., le chef de file canadien des petits-déjeuners, est fière d'annoncer qu'un autre soleil s'ajoute à sa bannière dans l'Ouest Canadien. Cette fois, c'est la ville de North Vancouver qui a vu le soleil se lever.
La grande pionnière et fondatrice, Cora Tsouflidou, était de la partie lors de la Grande ouverture. C'est lors de cette célébration qu'elle procède à la Cérémonie de la Première omelette, une tradition par laquelle la première omelette du restaurant est réalisée de manière tout à fait symbolique.
Cette nouvelle franchise fait partie du plan d’expansion pancanadien de la compagnie québécoise. Il s'agit du 10e restaurant Cora en Colombie-Britannique pour la plus grande chaîne de restaurants de déjeuners et dîners à travers le pays.
Avec plus de 130 franchises en fonction, Cora continue à offrir une gastronomie matinale spécialisée en déjeuners : une nourriture et un service de première qualité, le tout dans une chaleureuse atmosphère familiale.
L’année 2019 en est une de développement pour Franchises Cora inc., le chef de file canadien des déjeuners. L’entreprise fait rayonner son soleil symbolique dans les plus grandes villes au pays!
Deux autres restaurants ont ouvert leurs portes en mars. Comme dans bien des cas chez Cora, il s’agit d’une aventure familiale. Ainsi, le restaurant du quartier St. Vital, à Winnipeg, est géré par un couple de franchisés qui est tombé sous le charme des restaurants Cora, de leurs menus colorés et de tous les plats joliment agrémentés de fruits.
La plus récente ouverture est celle du second restaurant situé à Regina. Le franchisé a d’abord ouvert un premier Cora en novembre 2018. Fort de cette aventure, il s’est lancé dans le développement de son deuxième restaurant et a ouvert les portes de celui-ci le 18 mars dernier.
Les deux nouvelles franchises font partie du plan d’expansion pancanadien de la compagnie québécoise. Avec 130 restaurants en activité, Cora continue à offrir une gastronomie matinale spécialisée en déjeuners et poursuit sa mission d’offrir une nourriture et un service de qualité dans une chaleureuse atmosphère familiale.