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6 octobre 2023

Un matin tristounet

7 h 30 au café du village
Croyez-le ou non, ce matin, il pleut tellement fort que j’ai peur de sortir de ma bagnole. Le stationnement du café est désert et mes yeux fouillent l’horizon à la recherche d’une arche de Noé. J’attends un peu que l’averse se calme et poussant mon siège vers l’arrière, j’essaie d’ouvrir mon nouveau parapluie rouge. Il est si beau, si gros que je peine à le sortir de la bagnole. Vite, vite, j’empoigne ma mallette et je fonce tête baissée vers la porte du café.

7 h 58
Enfin je m’installe à ma place préférée avec, derrière moi, la fenêtre et son rideau de gouttelettes m’empêchant de bien voir dehors. Sur ma table, je dépose mon grand iPad, mon cahier de notes, quelques stylos et une plus petite tablette pour chercher ou corriger mes mots.

C’est dimanche, l’habituelle journée des familles convoitant leurs gâteries dominicales : tartes au citron, Paris-Brest, gâteaux au fromage, tiramisu, mille-feuilles, tartelettes de toutes sortes et délicieuses viennoiseries. Viendront-ils aujourd’hui? Peut-être devrais-je implorer Éole, le dieu grec du vent aux ailes toujours mouillées? Toutes ces jeunes et moins jeunes familles méritent ces petits plaisirs. Moi-même je prie pour que cesse la pluie.

8 h 50
Pendant qu’à l’extérieur un restant d’orage tournaille, quelques braves papas aux bras chargés de marmots entrent dans le café. Malgré l’eau qui dégouline de leurs cheveux mouillés, les enfants courent vers l’amoncellement de pâtisseries. Ils rient, ils crient, leurs minuscules doigts barbouillant la vitre toute propre du comptoir à viennoiseries. Peu à peu, la fête du dimanche reprend son cours. Le café se remplume et les petites bouches s’esclaffent à chaque table. Bien à l’aise, les mamans sirotant leurs lattés ressemblent à des étudiantes en congé.

C’est ainsi que j’adore ma vie, scribe et témoin de cette glorieuse banalité du quotidien. J’accumule tous ces gestes délicieux, ces sourires à croquer, ces bonjours enrubannés et je me réjouis de les disperser aux quatre vents. Je crois fermement que le bonheur assèche de lui-même tous les orages de la vie.

10 h 20
Le torse bombé, le dieu grec des vents a séché tout le parking et les deux galeries du café. Aucune table vide à l’intérieur comme à l’extérieur. Il est donc temps que je quitte l’endroit pour ma balade du dimanche.

La Mini Cooper grimpe maintenant vers Sainte-Agathe et fait le tour du magnifique Lac des Sables. J’aime tellement conduire et admirer le paysage, le jaunissement hâtif des feuilles contrastant avec le vert éclatant des gigantesques sapins. Dame nature m’enchante et me garde étonnée d’autant de beautés. J’en profite aussi pour revisiter l’attrayant « COULEUR CAFÉ SIGNATURE » au 7, de la rue Principale. J’adore l’endroit avec ses grandes tables accueillantes, ses fauteuils confortables, ses jolies boules de lumière, ses plantes suspendues, ses gâteries délicieuses et ses cafés hors du commun.

11 h 45
Il fait tellement beau soudainement que je décide d’aller au-delà de l’autoroute du nord vers le charmant village de Mont-Tremblant. Là où se trouve une précieuse librairie indépendante nommée « CARPE DIEM ». C’est un trésor bien caché, en retrait de la route principale et il faut connaître l’endroit pour y accéder. J’aime surtout leur échantillonnage de bons magazines, d’essais littéraires, de poésie et de romans sérieux. Dans de tels endroits, ma tête me dit toujours que je n’ai besoin de rien et je ne l’écoute jamais. Je ne peux résister, surtout aux bouquins bien écrits. J’ai demandé des nouvelles du prochain Julia Kerninon et, youpi!, on me confirme fin octobre. C’est mon auteure préférée avec aussi l’Islandaise Auður Ava Ólafsdóttir.

13 h 50
Je reprends la route en sens inverse, avec deux magazines, quelques bouquins et un petit creux. Comme je ne mange jamais avant treize heures, les boyaux commencent à gargouiller. Un beau restant de quiche aux épinards m’attend à la maison.

Saviez-vous que cette vieille reine des déjeuners n’a jamais appris à déjeuner le matin? Oui, oui, même si c’est elle-même qui, il y a 36 ans, a créé ce délicieux concept de restauration matinale, elle-même a toujours été en cuisine à concocter ses délices pour sa clientèle affamée. C’était la règle. Il fallait d’abord assouvir tout le monde et nous, les enfants, les employés et moi mangions vers 13 h 30. Dans ma famille, l’habitude est restée.

Je mange après 13 h, je me tape une petite sieste et ensuite je lis quelques heures pour améliorer mon écriture. À 18 h pile, j’allume le monstre parlant pour quelques nouvelles planétaires, puis je lui ferme le clapet. J’écris encore quelques heures sur ma table de cuisine et vers 20 h je soupe de poisson ou en grignotant légèrement : smoothie, assiette de fruits, noix, dattes et mes précieuses boules d’énergie maison. Puis, chaque soir en pyjama, étendue sur le confortable sofa du salon, je m’endors dans les bras de Morphée, avec un livre sur le nez.

Cora

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