Un délicieux gâteau citron-pavot
Chère dame Mireille Mathez,
Merci de me lire chaque dimanche! Vers la fin de l’été, vous me demandiez ma fameuse recette de gâteau au citron et graines de pavot. La voici, juste à temps pour les Fêtes! Bien sûr, vous pouvez aussi essayer la recette de Ricardo et peut-être comparer. Comme mes amis sont gourmands, moi je double toujours les ingrédients pour obtenir un gros gâteau.
Avant de commencer, assurez-vous de placer la grille au centre du four et de le préchauffer à 350 °F (180 °C). Choisissez un moule assez grand. Le mien, celui que j’utilise depuis 50 ans, mesure 14 pouces de long, 5 pouces de large et 3 pouces de profond. De toute façon, vous pourriez aussi verser la préparation dans deux moules plus petits ou ronds, à votre convenance.
L’histoire de ma vie a souvent consisté à survivre et pourtant, arrivée à 77 ans avec toutes mes dents, je découvre que vivre est beaucoup plus simple que je ne l’imaginais. Je n’essaie plus de comprendre les autres autour de moi; je ne fais que les aimer, les gâter et leur offrir de petits plaisirs à l’occasion. Ma progéniture adore le gâteau citron-pavot et je double toujours la recette pour en donner aux enfants, à ma voisine et surtout à mes vieux amis du café, qui dévorent aussi mes petits pots de confitures maison.
D’abord, chère Mireille, pour une recette double, lavez soigneusement 6 citrons et râpez leur zeste finement. Dans un grand bol, mélangez 3 tasses et demie de farine blanche tamisée, 2 cuillères à soupe de graines de pavot et 4 cuillères à thé de poudre à pâte.
Depuis quelques années, j’ajoute une troisième cuillère de graines de pavot à ma recette. Mon grand ami Éric, cuisinier émérite, m’a appris les vertus de cette fameuse graine. Riches en calcium, les graines de pavot renforceraient les os et les cheveux; elles favoriseraient aussi une bonne santé cardiaque. Leur importante teneur en fer et en manganèse permettrait également aux personnes souffrant d’anémie de lutter contre la fatigue. Mon ami cuisinier m’a jadis avertie que les graines de pavot ont tendance à rancir. Ce n’est pas mon cas parce que je prépare souvent ce gâteau et, si vous le réussissez bien, je vous assure que vous renouvellerez rapidement l’expérience vous aussi.
Mais revenons à nos moutons. Dans un autre grand bol, mélangez avec un batteur électrique les ingrédients suivants jusqu’à ce que la préparation soit homogène : 1 tasse de beurre non salé, 6 œufs, 2 tasses et demie de sucre blanc, le zeste finement râpé de 6 citrons et le jus de 3 citrons. Ajoutez ensuite le mélange de farine blanche, de graines de pavot et de poudre à pâte. Pressez ensuite le jus des 3 autres citrons et réservez pour en faire un léger glaçage.
Lorsque l’appareil à gâteau est bien brassé, tapissez le moule de papier parchemin finement arrangé, versez-y le mélange et enfournez. Le gâteau doit cuire pendant presque une grosse heure, mais c’est toujours le test du cure-dent qui me confirme que le temps de cuisson est terminé. Bien sûr, je me fie aussi à l’odeur qui sort du four et à la couleur du gâteau bien cuit. À force de cuisiner ce délice, vous deviendrez vite une experte.
Pendant que le gâteau achève de cuire, je mélange le jus de 3 citrons avec trois quarts de tasse de sucre à glacer et un peu de lait dans une petite casserole. Tout doucement, en brassant, le glaçage épaissit. Je l’étends ensuite sur le gâteau refroidi.
Avant de commencer, assurez-vous d’avoir au moins 6 gros œufs dans le frigo. Oui, oui! L’hiver dernier, en pleine tempête de neige, alors que le sucre et le beurre non salé étaient déjà mélangés dans mon grand bol et que quatre pieds de neige collante m’empêchaient de sortir mon véhicule de mon stationnement, j’ai dû attendre plusieurs heures avant que mon voisin puisse déblayer mon entrée. Vite, vite, je me suis alors précipitée chez IGA pour acheter les plus gros œufs, les extra gros que j’ai fouettés avec le beurre et le sucre blanc en priant mon idole décédée, cette très chère Jehane Benoît, celle-là même qui personnifiait la véritable cuisine québécoise et qui m’a appris la plupart de ce qu’aujourd’hui j’en connais. Elle m’a entendue, car mon gâteau était réussi. Une cuisinière avertie en vaut deux : chère Mireille, n’oubliez pas les œufs, extra gros de surcroît!
Lettre après lettre, comme des feuilles d’automne qui tombent de l’arbre, je vous ai candidement raconté ma vie, mes misères, mes défis, et cet affreux célibat, qu’assoiffée, je porte encore comme une cruche vide cherchant le puits.
Peut-être devrais-je inviter l’ami Claude à la maison pour râper le zeste de mes citrons?
Cora
❤️