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4 août 2024

Tarte aux pommes et brouillon d'écriture

Plus j’écris et plus j’arrive à le faire n’importe où. Dans un café, chez McDo, à ma table de cuisine, sur mon divan ou dans mon lit lorsque le sommeil tarde à venir. Presque chaque jour, j’écris quelque chose. Je prends continuellement des notes de tout ce que je pense, de tout ce que je vois et même de ce que j’invente.

J’écris mes brouillons sur d’étroites pages d’un calepin facile à transporter. 1, 2, 3, 4, je numérote mes pages en haut, à droite, dans un petit cercle de la grosseur d’un bleuet. Je biffe, j’efface un mot, je raye une phrase qui détonne. Sur ma tablette, il m’arrive de supprimer toute une page. Je relis mon texte à haute voix et m’assure ainsi d’une certaine musicalité.

Je n’ai presque jamais d’idée précise avant de me mettre à taper sur mon clavier. S’il le faut, j’attends, je bois un ou deux cafés, je me lève et tourne autour de la table jusqu’à ce qu’un joli mot m’interpelle : FENÊTRES. Tout un mur de ma grande cuisine est fait de fenêtres et la lumière entre à profusion. Un cardinal rouge picore la vitre, une sirène d’ambulance agonise au loin; les cris stridents des enfants percent mes tympans.

Le bruit ne me dérange pas ni le silence qui est comme la farine attendant de devenir quelque chose. Lorsque j’écris chez moi, j’écoute Haendel, Vivaldi, des chants grégoriens et de la musique baroque. Peut-être est-ce pour me sentir en sécurité? La musique a cela de généreux. Elle valse avec mon inspiration et produit des miracles. Je n’ai jamais de piètres idées lorsqu’un grand maître de musique bat la mesure.

La pandémie a hautement favorisé l’absence de visiteurs à la maison et j’ai appris à m’en réjouir. Je me suis vite habituée au silence et à la solitude créatrice; tellement que je n’ai plus vu le temps passer. J’ai toujours tenu ma maison bien rangée alors il n’y avait pas de grand ménage à effectuer. Le seul désordre qui règne sans cesse, je dirais, c’est ma propension à ne jamais remettre un livre à sa bonne place dans mes bibliothèques! J’en possède tellement que je ne sais plus où les ranger.

Depuis que j’écris, je ne réfléchis jamais en termes de repos, de congé ou de vacances. Ma lanterne est toujours allumée. Aligner des mots me procure une immense joie. Un mot clé et sa marmaille colorent quelques pages en criant ciseau.

Lorsqu’il ne se passe rien d’intéressant dans ma réalité, je saute sur la planète HAÏKU. Oui, oui! Connaissez-vous ces jolis petits poèmes japonais de trois lignes? Juste trois marches pour s’en faire un château. Il s’agit bien souvent d’une limpide immédiateté, de l’éphémère qui traverse nos vies ou d’une floraison inattendue. Le haïku représente un sentiment d’ouverture pour l’esprit désoccupé.

Ma mère était toujours trop occupée à prendre soin de nous. Fréquemment, papa insistait pour qu’elle s’étende une petite heure, mais elle refusait chaque fois. « Je me reposerai lorsque je serai morte », disait-elle à tout bout de champ. À l’encontre de ma mère, j’aime m’endormir en plein jour avec un livre sur le front pour cacher la lumière. J’aime aussi me désengourdir avec un sujet de lettre inopiné, une envolée d’expressions rares qui donnent à réfléchir.

Comme disait souvent maman, « lorsqu’on grandit, il faut apprendre à lire entre les lignes ». Ces pauvres parents nageaient sans cesse entre deux eaux : l’indifférence et la douleur. Une maman qui grognait et un papa qui pleurait la plupart du temps, surtout lorsqu’il calait quelques bières pour endormir ses besoins de tendresse.

Décrire la quotidienneté de la vie se révèle mon thème de prédilection; aussi important que manger pour vivre. Tout est susceptible de m’inspirer. J’ai juste besoin d’attendre un certain surgissement d’inspiration, presque un truc de magie, une enfilade de mots fascinants et ordinaires à la fois.

La route qu’empruntent les mots s’avère quelquefois biscornue. Sur le toit du garage, j’imagine une conversation entre deux corneilles et soudain l’orage ramollit mes idées. La plupart du temps, le réel et l’irréel s’entrechoquent allègrement.

Je guette sans cesse l’arrivée d’une belle phrase, d’un fait inusité, d’un souvenir de jeunesse ou d’une erreur de parcours. Je n’ai malheureusement plus de journal intime depuis trop longtemps. J’ai toujours aimé écrire, mais le mari me l’interdisant sous toutes ses formes, je m’y adonnais en cachette pendant ces 13 années de mariage. Je m’y adonnais surtout la nuit et je brûlais mes écrits à mesure que l’encre séchait.

Aujourd’hui, je suis libre et j’écris jour et nuit à ma guise. Non pas pour devenir célèbre, mais pour me garder pétillante; pour cultiver le meilleur de moi-même et le partager avec mes fidèles lecteurs.

Je dors, je rêve et je divague à l’occasion. Très chers lecteurs, je vous voudrais tous assis à ma grande table d’écriture entremêlant fantaisie, folie douce et tarte aux pommes sortant du four.

Cora
❤️

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