Pourquoi j'écris
Je vous l’ai déjà raconté, toute ma vie de jeune fille, je rêvais de devenir écrivaine et la gueuse de vie m’en a longtemps privé. Aujourd’hui, vieillotte aguerrie, l’écriture est l’activité qui me réjouit le plus. J’écris pour partager mon expérience, mes secrets et ma longue vie. J’écris pour semer un peu d’amour et pour en récolter un peu, beaucoup. J’écris surtout parce que je ne peux pas faire autrement.
Je tape sans relâche sur mon iPad pour apprendre à m’aimer et pour découvrir qui je suis. J’écris pour me surprendre avec toutes ces petites révélations qui surgissent; ces secrets enfouis au tréfonds de ma personne. J’écris pour prendre le temps d’amadouer l’incompréhensible de cette vie et pour insuffler un peu d’espoir dans mon cœur cabossé. J’écris pour déterrer le pire et l’occire. J’écris pour garder une trace de ma vie; pour ne pas oublier tous ces petits riens du quotidien et me convaincre que mon vécu jusqu’à présent n’aura pas été inutile. Je le fais pour tenter de savoir ce qui risque de m’arriver. J’écris surtout pour éviter les ensommeillements de mon conscient. Les mots me servent de petits remontants qui, je l’espère, me fourniront de l’encre pour encore plusieurs des années.
Je couche mes mots sur le papier pour mon plaisir et pour faire plaisir aux gens qui me lisent. Toujours, l’écriture me permet de m’exprimer et d’exposer mes idéaux. Je me prends parfois pour un gourou de la plume; créant des mondes, des situations et des mises en scène abracadabrantes, donnant aussi naissance à des personnages, mais les histoires qui naissent au bout de mes doigts se révèlent habituellement véridiques. J’écris, la plupart du temps, pour sortir de moi l’indicible vérité trop bien cachée.
Je noircis des feuilles pour rêver et muscler mon imagination. Je ne sais ni danser, ni chanter, pas plus que je ne sais flirter ou aimer. Je me console en pensant que mon dernier pouvoir magique réside dans un bel assemblage de mots. Mon écriture pourrait-elle ajouter à ce monde quelque chose jusqu’à maintenant inexistant?
Une couronne de fleurs, un trèfle à quatre feuilles, une corneille savante, mon cœur agenouillé. Mes phrases dénuées de sens, mais remplies de poésie.
Ma tête est un cirque et, pourtant, les histoires que je raconte m’aident à survivre. Écrivant dans un café ou assise à ma grande table de cuisine, je tape, je m’amuse, je bricole une histoire. J’écris pour crier que mon cœur contient encore beaucoup d’amour à donner. J’écris pour apprivoiser ma solitude, pour vivre moins triste et pour abêtir mes angoisses inutiles. Je fuis le désert de la page blanche pour me distraire avec l’indiscipline des mots. J’écris pour imaginer le paradis et sa grande porte dorée. J’écris aussi pour réfléchir tout haut aux mystères de l’univers et pour essayer d’amadouer l’incompréhensible.
Avec chaque aube naissante, je me réjouis. J’allume la lampe et j’écris dans mon lit une petite heure. Combattant le vertige d’être encore vivante, j’imagine mon cœur ronronnant d’amour. J’écris pour chasser mes peines incrustées, pour me guérir des griffures du temps et pour sauver mon histoire de l’effacement.
Je prends la plume pour titiller l’inspiration, pour contrer l’abrutissement du quotidien et aussi pour éviter l’engourdissement de mes dix doigts. Il m’arrive d’enfouir ma peine au plus profond de la page.
J’écris pour rendre hommage à dame inspiration, stimuler mon hémisphère créatif, et parce que l’action de l’écriture me procure un immense bonheur.
J’écris pour exprimer mes émotions et surtout mes obsessions.
J’écris pour rattraper ma vie galopant trop vite.
J’écris pour mettre à profit mon originalité d’être humain.
J’écris pour me rendre disponible à l’émerveillement.
J’écris pour apprendre à vivre sans travailler.
J’écris pour devenir quelqu’un de bien.
J’écris pour ne pas pleurer.
J’écris pour apprivoiser la mort.
Très chers lecteurs, n’auriez-vous point, vous aussi, quelques bonnes raisons d’amadouer l’écriture?
Cora
❤️