Il faisait trop beau!
Je n’ai pas cuisiné aujourd’hui; il faisait trop beau, presque comme une journée d’été. Délaissant mon parcours en pleine nature, je suis allée marcher dans les rues d’un nouveau quartier ma paroisse. Quel bonheur ce fut pour moi d’y trouver plusieurs marcheurs à bonne distance, des coureurs en leggings colorés, des chiens, beaucoup de chiens de toutes grosseurs tirant leurs maîtres attachés au bout des laisses. J’ai vu un vieux couple soudé ensemble pour mieux avancer et trois ados se lançant les dernières boules de neige de la saison. J’ai surtout adoré voir des enfants en rang d’oignons derrière un parent, des bambins instables sur des trottinettes, et des poupons emmitouflés dans un genre de poche joliment cousue et attachée aux épaules d’un papa ou sur le sein d’une jeune maman. Et je me suis régalée d’entendre un véritable concert d’oiseaux s’égosillant pour qu’on les regarde, perchés dans un érable squelettique. Croyez-le ou non, je les ai applaudis. Clap! Clap! Clap! Inconsciemment je suppose; j’applaudissais surtout la vie devant moi, tenace et combattive envers et malgré tout.
Et, comme j’avançais dans les rues, attirée par les devantures des maisons pourtant quasi toutes semblables, j’ai soudainement eu l’impression d’avancer dans une véritable galerie d’art. Parce que partout, plein de différents tableaux d’arc-en-ciel étaient épinglés aux devantures des maisons. De beaux arcs-en-ciel colorés et tous couronnés du fameux « Ça va bien aller » joliment calligraphié.
ÇA VA BIEN ALLER; après la tempête viendra le beau temps. Ça m’a touchée comme une grâce tombée du ciel. La certitude s’accroche à moi que l’après-virus sera constructif pour chacun d’entre nous, que les poupons apprendront à marcher, que les ados entreront à l’université et que les coureurs vivront tout probablement jusqu’à cent ans; que moi-même j’apprendrai à me calmer le pompon, à mieux vivre et à intégrer dans mon quotidien les leçons inhérentes à la dure épreuve que nous sommes en train de traverser.
Côté cœur, j’ai déjà signé mon pacte honorable avec la solitude (allusion à Gabriel Garcia Marquez dans « Cent ans de solitude », 1967) et je suis heureuse de le respecter. J’aime la vie sous toutes ses formes et plus particulièrement l’incommensurable imaginaire qu’il me reste à défricher avant de rendre l’âme.
Tellement de mots, tellement de phrases à transplanter entre les lignes afin qu’une histoire puisse prendre vie comme autant de racines, de branches et de bourgeons espérant en silence le mûrissement des fruits.
La fin du confinement nous fournira une belle occasion de nous inventer une meilleure vie. Et j’en profiterai sûrement pour me distancer du travail à outrance, des bavardages insipides, des attachements futiles et des vaines distractions qui ne font que nous rendre indisponible à notre propre bonheur.
Pour les dizaines d’années qu’il me reste ici-bas, je veux davantage consentir à la vie telle qu’elle m’apparaît. Sentir les fleurs, caresser l’écorce des arbres, écrire des poèmes aux oiseaux et pleurer lorsqu’un nuage avale le soleil.
Demeurons stoïques et créatifs.
❤️
Cora
En s’inclinant
Les fleurs
Parlent aux fourmis.
Vouloir tout avoir, tout le temps.
Suis-je la seule à m’ennuyer de m’habiller chic pour aller quelque part d’important? La seule à penser que ce terrible excédent d’oisiveté commence à m’écourter le sourire dans la bouille? La seule à avoir peur que mon cerveau tire de la patte à force de manquer de défis? À m’imaginer que peut-être ma vivacité pourrait perdre des plumes si ça dure encore longtemps?
Privée de mes devoirs de fondatrice, absente des rencontres stratégiques et dépouillée du bonheur de contribuer à l’avenir de l’après COVID-19, qui suis-je donc?
Pour un instant, je me suis même demandé pourquoi c’était moi qu’on enfermait alors que l’assassin danse encore dans les rues.
Nous avons probablement tous plusieurs leçons à tirer de cette présente calamité. La première étant la cruelle démonstration que le pire peut arriver à tout moment et sans prévenir. Réaliser qu’une telle catastrophe comme celle dont nous sommes témoins aujourd’hui est capable d’occire plus de 200 000 personnes en quelques mois; le court temps d’une fonte des neiges chez nous.
Égocentriques, voulant tout avoir, tout le temps, suis-je, sommes-nous disposés à réfléchir aux autres enseignements émanant des présentes circonstances?
Au lieu de broyer du noir chacun pour soi, ne devrions-nous point nous redéfinir au-delà de nos titres, de nos occupations?
Au-delà de nos réalisations et au-delà de nos possessions?
Toute seule chez moi ou ensemble avec vos proches, réfléchissons plus fort que jamais.
Et pour empêcher vos doigts de s’ankyloser, je vous donne une petite recette aussi simple que succulente. Ce tzatziki maison s’avère le meilleur condiment pour accompagner vos brochettes de poulet ou vos côtelettes d’agneau du samedi soir.
Peler un concombre ferme et plutôt grassouillet, le trancher en deux sur la longueur et le dégarnir de ses pépins en les grattant délicatement avec une cuillère à thé.
Ensuite, râper mince les morceaux de concombre en laissant tomber la chair sur un linge de cuisine propre.
Rouler le linge avec la chair bien étendue à l’intérieur et tordez-le de sorte à faire sortir toute l’eau du légume.
Dans un bol moyen, mélanger 500 ml de crème sure et 500 ml de yogourt grec nature; ajouter à ce mélange au goût 3-4 gousses d’ail émincées très finement.
Ajouter la chair de concombre, brasser et mettre au frigo.
Pour les toutes petites familles, vous pouvez diminuer de moitié les quantités
Utiliser alors 250 ml de crème et de yogourt, un moyen concombre et moins d’ail.
À l’occasion, lorsque j’en ai, j’ajoute au mélange un peu d’aneth frais finement haché.
Profitez-en pour accompagner votre assiette d’une salade grecque parfumée à l’huile d’olive et au vinaigre de vin, composée de tomates bien choisies, de concombres frais, d’oignons rouges tranchés minces, de piments frais, d’olives noires et de bon fromage féta.
Brasser en garnissant de persil ou d’origan frais ou séché.
« N’essayez pas de devenir un homme qui a du succès,
essayez de devenir un homme qui a de la valeur. »
Albert Einstein.
Merci de passer cette épreuve avec moi.
❤️
Cora
Imaginez donc qu’il est 11 h 20 et que je viens tout juste de sortir du bain en ce beau lundi ensoleillé de semaine alors que je devrais être au travail, en réunion marketing, en rendez-vous avec un fournisseur ou réfléchissant dans mon bureau à quelque autre matière aussi importante. Et moi, voilà qu’avec un soleil au zénith, je n’ai absolument rien d’autre à faire que de sortir du bain, m’habiller de mou et m’installer au clavier à la recherche d’un contact humain autre que le mien dans un selfie.
Il faut pourtant que je vous dise qu’au lever du jour, je brassais de la confiture. Et oui, encore de la confiture aux papayes parce qu’hier, un illustre inconnu en a déposé trois sur mon perron. Comme vous le savez déjà, la chair des fruits a passé la nuit au frigo et elle dansait à gros bouillons vers 8 h ce matin. Puisse chacun et chacune d’entre vous être mon voisin ou ma voisine pour y goûter!
Nos vies chamboulées font que plusieurs d’entre nous sont au chômage. Et quoi de plus pertinent qu’un bon pouding chômeur pour nous ramener un joli sourire dans le gosier. Alors, tirée du «Guide de la Cuisine traditionnelle québécoise», voici la recette du fameux pouding chômeur que je préfère entre toutes :
Dans une casserole, mélanger 2 tasses de cassonade, 2 cuillerées à table de beurre, une tasse et demie d’eau du robinet et quelques gouttes de vanille.
Porter à ébullition et retirer du feu.
Déposer le sirop ainsi obtenu dans un plat allant au four.
Dans un bol, battre 2 bonnes cuillerées à table de beurre avec une demi-tasse de sucre et un œuf.
Ajouter à ce mélange une tasse de farine tamisée avec 2 cuillerées à thé de poudre à pâte en alternant avec une demi-tasse de lait.
Déposer la pâte ainsi obtenue dans le sirop.
Et cuire au four quelque trente minutes à 350 °F.
Vous allez vous régaler avec un dessert dont le prix est diamétralement opposé à son goût.
À nos débuts, en 1987, quand je servais du pouding chômeur aux travailleurs au comptoir, ils voulaient tous m’épouser. J’aurais donc dû en choisir un dans ce temps-là. Je ne serais pas restée vieille fille, vieille femme avec trois papayes sur son perron.
Merci d’être avec moi
Vous tous qui me lisez.
Je vous ❤️
Cora
Je vous l’avoue humblement : j’ai les yeux plus grands que la panse! Cette belle vieille expression viendrait selon Google du philosophe Montaigne au XVIe siècle. Moi, ça fait drôlement longtemps que j’en ai constaté la véracité quant à mon pauvre moi-même. Au comptoir à pizza, je commande trois grosses pointes « all dressed » alors que je sais pertinemment que je vais en manger une et demie seulement. Ailleurs, c’est un gros club sandwich inondé des meilleures frites au monde sachant que j’en laisserai la moitié. J’aime commander des grillades bien cuites même s’il reste toujours quelques côtelettes dans l’assiette. Je commande chaque fois un dessert pour en manger une cuillerée seulement.
Tout ça parce que ma curiosité a, elle aussi, les yeux plus grands que la panse : je veux savoir comment c’est fait. Et lorsque la bouchée s’avère délicieuse, à coup sûr je vais essayer de reproduire le délice à la maison. Comme ces jours-ci, en plein confinement, presque chaque jour je découvre ou j’améliore des recettes dans ma cuisine. Et j’adore ça, j’adore me perfectionner dans tous les domaines.
J’ai 4 ou 5 paires de lunettes rondes pour n’en porter qu’une seule à la fois, cinq chandails jaunes dans ma commode parce que j’aime la couleur, et les foulards, les bandeaux, les bracelets maison, je n’ai pratiquement plus d’espace pour les ranger.
Je vois grand, je suppose; je surestime mes besoins.
J’aime magasiner, c’est même mon divertissement favori parce qu’encore une fois, ma curiosité est plus grande que ma logique. Et c’est aussi la même chose pour les carambolages de projets dans ma tête. Mon enthousiasme en mène plus large que la largeur de mon autoroute mentale. J’aime à outrance tout ce que je ne connais pas encore.
N’a-t-on pas dit de la vie qu’elle était comme un grand buffet où l’on prend ce qu’on veut? Et je me sers, n’ayez crainte.
Mon appétit de vivre est lui aussi gargantuesque.
La vie, c’est un immense libre-service de possibilités que je fréquente comme une vieille fille encore affamée et curieuse.
En ces semaines de confinement, nous avons davantage de temps pour rêver les yeux ouverts. Pour revisiter notre liste d’épicerie au libre-service.
Faites plaisir aux vôtres, dessinez-leurs des JE T’❤️ et cuisinez-leurs des surprises avec des petits riens qu’on trouve dans nos armoires.
Et je vous aide en partageant avec vous la recette d’une délicieuse crème pâtissière maison qu’une petite fille qui sait utiliser une mixette pourra reproduire elle-même.
Dans un bol moyen, mélanger le contenu d’une petite boîte de pouding instantané Jello à la vanille avec 2 tasses de lait et « mixer » jusqu’à épaississement.
Dans un autre bol, bien fouetter 1 tasse de crème 35 %, puis ajouter au pouding. Bien mélanger. Refroidir au frigo dans un contenant avec couvercle. Ajouter à votre dessert favori ou sur une grande crêpe bourrée de rondelles de bananes ou de fraises fraîches.
Je vous garantis que ce délice maison va ajouter du plaisir autour de la table.
C’est fou ce que le bonheur est facile lorsqu’on y met du sien.
C’est comme pour moi; vous griffonner mes petits secrets me fait tellement plaisir!
Je vous ❤️
Cora
Heureusement qu’hier soir j’ai revisionné Avatar. Et heureusement que les bons ont gagné. Parce qu’hier midi, en revenant de ma marche quotidienne, je sentais que de vilaines Gorgones* à tête de serpent commençaient à envahir mon espace. En mettant le pied dans la maison, j’ai tout de suite su que ces méchantes sorcières s’étaient tout probablement emparées de ma tête, vautrées dans mes divans, empiffrées de ma nourriture et amusées à modifier leurs allures avec mes nombreux foulards colorés suspendus bien visibles dans le hall d’entrée. Mais au lieu de la peur, c’est un cafard monumental qui s’est immiscé dans mes veines. Une déprime aussi grave que des patates à déjeuner brûlées sur la plaque.
Tout l’après-midi, j’ai tourné en rond comme une lionne en cage. Commençant ceci, délaissant cela. Me sentant inutile, bonne à rien et désœuvrée. M’ennuyant tellement de mes anciennes activités, de mes collègues, de mes enfants, de leurs descendants, de mon magnifique arrière-petit-fils et, le pire à avouer, m’ennuyant de l’importance bidon que je croyais avoir dans le monde avant la pandémie.
Les méchants virus endommageront tout probablement la majorité de nos piédestaux et c’est bien tant mieux pour les fanfarons, les gaspilleurs, les irréfléchis et les imprudents.
Le magnifique film de James Cameron m’a complètement touchée, hier soir. Les Na'vi surdimensionnés du clan Omaticaya peuvent nous sembler irréels au cinéma, mais leurs profondes valeurs font partie d’un idéal planétaire auquel chacun d’entre nous devra se rapprocher davantage.
Bref, ce matin, joyeuse en vous écrivant, je me tricote une nouvelle moi. Un tronc de laine aussi fort et courageux qu’avant avec des dizaines de nouvelles mains pour aider, donner, prendre soin, tisser des liens, cuisiner, dessiner, écrire et applaudir.
Merci d’être avec moi
Je vais bien maintenant
Cora
*Dans la mythologie grecque, les Gorgones sont des créatures malfaisantes. Elles habitent un lieu s’apparentant à l’enfer tel qu’on l’imagine nommé Tartare.
On me demande très souvent quel est mon déjeuner favori.
Et tout de go je réponds chaque fois : « La crêpe épinards-cheddar »
Pourtant, la crêpe Jambon-fromage suisse, la délicieuse bananes-choco ou toute autre crêpe au menu sont tout aussi bonnes. Mais je préfère l’épinards-cheddar à cause de ce qu’elle représente pour moi.
Je m’explique.
À nos débuts en 1987, lorsque mon jeune fils m’a vu hacher des épinards frais et les mettre dans le mélange à crêpes il m’a tout de suite interrompue.
-Non, maman, tu ne peux pas faire ça!
-Et pourquoi je ne peux pas? Je vais faire une grande crêpe aux épinards sur laquelle je vais râper du bon cheddar et ça va être délicieux.
-Non maman, les gens ne mangent pas d’épinards pour déjeuner, c’est impossible que ça puisse se vendre.
-On verra, que je lui réponds en continuant de mélanger les épinards dans la pâte à crêpes
Et j’ai étendu le mélange sur la plaque et l’ai laissé bien cuire.
Puis j’ai tourné la grande crêpe.
J’ai râpé dessus du bon cheddar fort, j’ai plié la crêpe et l’ai laissée cuire assez pour permettre aux éléments de tomber en amour ensemble. Puis j’ai servi ce délicieux amalgame de saveurs dans la plus belle assiette de mon inventaire dépareillé.
Cette crêpe improbable est encore aujourd’hui la crêpe salée la plus vendue au Canada.
Et c’est exactement pour cela qu’elle est ma préférée; parce que chaque fois qu’on en parle, je me rappelle qu’en créativité, rien n’est impossible.
Alors, à celles et ceux qui ont essayé de faire des crêpes suite à mon dernier texto, je dis : allez-y, osez, osez!
Ajoutez à votre mélange du granola mince, du kale haché fin, des graines de chia, des pistaches écrasées, de la noix de coco grillée, des brisures de bacon croustillant ou toute autre ingrédient susceptible d’ajouter du plaisir à votre confinement.
Vous deviendrez peut-être comme moi, l’apprentie maison à l’origine d’une crêpe inoubliable. Et de grâce, nommez-la. Vous avez le temps, photographiez-la.
Et choisissez votre fromage. Un local de préférence. Ici, au Québec, on aime bien le Oka, Le Pionnier, le Mamirolle.
Pst… Si vous voulez, envoyez-moi une photo de votre délicieux confinement, ces temps-ci, j’ai tout mon temps!
Cora
Déjà vingt jours d’isolement dans la maison des Laurentides que j’habite depuis 30 ans. J’y demeure avec des milliers de livres, dont une centaine au minimum sont des livres de cuisine.
Il y a aussi des plantes vertes un peu partout, des divans installés stratégiquement devant les grandes fenêtres et, le roi de la maison, un immense poêle à gaz à deux fours (presque aussi vieux que moi) sur lequel j’expérimente depuis toujours mes idées susceptibles de devenir d’excellents plats de déjeuner. Chercheuse invétérée, vous vous doutez bien que mon principal intérêt dans la vie c’est d’offrir aux Canadiens les meilleurs déjeuners au monde. Et, même si aujourd’hui, une équipe de plusieurs spécialistes ont cette responsabilité dans l’entreprise, j’aime toujours mettre la main à la pâte.
Je suppose que vous aimeriez vous aussi surprendre votre maisonnée avec une bonne crêpe brassée maison et garnie avec le fruit de votre imagination. Et je vous aide s’il le faut.
- Dans un grand bol, mettez de la farine (environ 2 à 3 tasses selon le nombre de bouches à nourrir)
- Ajoutez environ 2 tasses de lait et mélangez avec un fouet jusqu’à obtenir une pâte lisse
- Ajoutez 2 ou 3 œufs et brassez
- Ajoutez un filet d’huile dans le mélange, une pincée de sel et tout votre amour du moment
Versez le mélange dans un grand pichet, couvrez et laissez au frigo le temps de mettre la table.
Je vous laisse faire vos expériences et surtout découvrir les mesures justes d’ingrédients selon le nombre de personnes à satisfaire.
Vous pourriez utiliser du sirop d’érable puisque c’est la saison, ou faire comme chez nous du délicieux sirop maison à la vanille.
Mais attention! Le sirop maison c’est comme la confiture aux papayes dont je vous parlais hier, ça demande de l’expertise au bout des doigts et une bonne gousse de vanille.
J’ai faim maintenant!
Cora
Ouffff! La plupart d'entre nous entreprenons notre troisième semaine de confinement. Je suis isolée, prudente et beaucoup à l’écoute de l’affreuse propagation du Coronavirus. Jamais je n’aurais cru qu’un tel drame puisse être vrai. Pourtant, le film se joue dans nos rues vides, dans nos écoles muettes, dans nos commerces fermés et même dans nos maisons transformées en bunkers de protection contre un ennemi pratiquement insaisissable.
Quoi faire alors pour ne pas désespérer? Pour s’occuper et pour continuer de croire que «Ça va bien aller»? Dessiner des arcs-en-ciel, faire de nouveaux biscuits pour les enfants, pratiquer une sauce plus goûteuse pour vos côtelettes, étudier comment faire des confitures ou réapprendre à faire son propre pain. Et peut-être pourrais-je vous raconter, ici et là, ce qu’une p’tite vieille occupée comme moi fait lorsqu’elle n’a plus rien d’important à faire?
Cet après-midi par exemple. Au retour de ma marche en pleine nature, j’ai fait cuire à feu doux une toute nouvelle confiture de papaye. Des papayes que j’ai bien lavées à grande eau avec une brosse de cuisine. Je les ai pelées et nettoyées de leurs pépins, puis je les ai coupées en petits dés. La chair des papayes recouverte des trois quarts de son poids en sucre a passé la nuit au frigo.
Tout heureuse d’expérimenter une nouvelle recette et surtout curieuse de voir le résultat, je me suis installée sur un tabouret devant le poêle pour surveiller la cuisson. Malgré le feu doux, j’ai dû écumer plusieurs fois les gros bouillons laiteux émergeant à la surface, puis brasser tranquillement avec une cuillère de bois et attendre que les petits morceaux de chair brûlante deviennent translucides, gonflent le torse et s’épaississent en parfaite harmonie avec le sirop, ni trop liquide ni trop collant.
Plus intelligents que mes yeux, ce sont mes doigts qui savent quand éteindre le feu. Juste à toucher quelques gouttes de sirop jetées dans une soucoupe, mes doigts savent que la confiture sera bonne.
À bientôt, Cora