Ma dernière permanente remonte à six mois et les bouclettes pendent tristounettes au bout de mes longs cheveux. Et youpi! Depuis quelques jours, je suis sur une liste d’attente chez la coiffeuse. Entre temps, j’ai pris les grands moyens. Oui, oui, comme dans le bon vieux temps, je me suis mis les rouleaux avec les pics me picorant la caboche.
Quoi faire d’autre en ce joli dimanche matin alors que j’ai déjà fait ma longue marche, préparé mon café, arrosé mes fines herbes, lu les journaux du week-end et torturé ma tête pour m’embellir un peu?
Étant encore extrêmement prudente, je constate pourtant que toutes les artères de la grande vie sont en train de se réanimer. Et c’est une excellente nouvelle. Le GO pour reprendre espoir en l’avenir. Les bambins iront à la garderie, les ados au soccer, les parents au travail et les artistes pourront créer. Et nous, les plus âgés, nous pourrons recommencer à réfléchir à de nouvelles aventures.
Oui, calmement réfléchir, en ce beau dimanche, à tout ce que j’aimerais faire, vivre, expérimenter avant de quitter ce monde.
Voilà une belle façon de me relever de la pandémie; tout de suite me projeter dans l’avenir. Comme un acte de foi envers le futur, je vais rédiger une liste de tout ce que j’aimerais expérimenter.
D’'ailleurs, je suis habituée à faire des listes. Je m’en sers depuis toujours pour organiser ma vie. Et encore plus depuis mes débuts en affaires. Chaque dernière semaine de l’an, je rédige ma liste d’objectifs tant personnels que professionnels pour l’année qui vient. Et ça fonctionne. C’est magique : lorsqu’on l’écrit, ça arrive.
Faire la liste de ce qu’on aimerait expérimenter avant de mourir, c’est le même genre d’exercice, mais on ratisse plus large. C’est une liste de souhaits, de rêves, d’envies ou de défis qu’on aimerait relever avant le grand départ. Une « Bucket List », comme disent les Anglais.
On peut commencer par écrire pêle-mêle tout ce qui nous vient à l’esprit et après on décline par priorité. L’objectif étant d'identifier des expériences, simples ou audacieuses que vous voudriez vivre avant de partir et de les projeter dans l’univers des possibilités.
Voilà! Osons! Je commence.
Avant d’éteindre mon cœur :
– je voudrais revoir Paris et plus spécialement la Place St-Germain des Prés; me restaurer au café Les Deux Magots jadis fréquenté par Verlaine et Rimbaud, mes poètes préférés.
– Je voudrais écrire une vraie lettre d’amour à quelqu’un et entendre battre mon cœur de cet étrange ronronnement dont parlent les amoureux.
– J’aimerais faire le tour de la Gaspésie et des provinces maritimes encore trois à quatre fois avant d’être trop vieille pour conduire ma Mini.
– Je voudrais visiter la Suède et plus spécialement les boutiques de l’artiste-designer Gudrun Sjoden. Dans une autre vie, j’aurais aimé être sa voisine et travailler dans ses ateliers.
– J’aimerais adopter un animal domestique afin d’expérimenter l’affection et l’attachement de la bête envers son maître. Un chien, peut-être, qui regarderait avec moi les documentaires à la télé ou qui me tirerait au bout de sa laisse lorsque je rechigne à faire ma marche.
– Je voudrais aller à l’opéra pour la première fois parce que j’adore la voix humaine et l’interaction des personnages dans une histoire. Et parce que je n’ai jamais pris le temps de m’accorder ce plaisir immense.
– Je voudrais visiter l’Islande, mère-patrie de mon écrivaine préférée, Andur Ava Olafsdottir (auteur de Rosa Candida et plusieurs autres livres délicieux) et aussi pour contempler de près une nature à l’état pur.
– Influencée par le film Le crime de l’Orient-Express , j’aimerais traverser l’Europe en train de luxe, y lire une autre aventure d’Hercule Poirot, boire des cocktails et m’habiller chic pour le souper au wagon-restaurant.
– J’aimerais trouver un maître de haïku accessible dans mon entourage et suivre avec lui un atelier de création par pur plaisir créatif et pour améliorer mon écriture poétique. Les haïkus sont des poèmes très brefs d’origine japonaise.
– Je voudrais publier un nouveau livre, ou deux ou trois; ou du moins, écrire jusqu’à ce que le labyrinthe de mes pensées se vide complètement.
– J’aimerais visiter l’île de Crète dont j’ai tellement entendu parler; me familiariser avec les authentiques recettes de cuisine de cette île grecque bien typique.
– J’aimerais vivre le plus longtemps possible; dépasser cent ans si on me le permet. La vie est tellement précieuse.
Et patati et patata, la « Bucket list » est un panier dans lequel, à tout moment, vous pouvez lancer un nouveau rêve; ou fouiller et en retirer un qui ne vous dit plus rien ou qui est déjà accompli. Il serait bon de faire en sorte que votre liste trouve un certain équilibre entre petits et grands défis. Les plus faciles vous motivant à entreprendre les plus coriaces.
Il est aussi suggéré de relire souvent votre liste pour ne pas perdre intérêt à sa réalisation. Cocher à mesure que vous accomplissez un désir. Quelle belle occasion de vous réjouir!
Et de célébrer!
Partager les réalisations de votre « Bucket List » est aussi un beau cadeau à offrir à quelqu’un de votre famille ou à un de vos amis. Vous les motiverez peut-être à entreprendre leur propre liste.
Je crois fermement que déclarer nos souhaits à l’univers est la meilleure façon de provoquer leur réalisation.
❤️
Cora
Déjà, l’invincible mère Nature s’affaire à déployer ses parures printanières à la grandeur de notre hémisphère. Dites-moi, avez-vous remarqué sur les branches des arbres les petits bourgeons installés en première loge? Et les audacieuses jonquilles vite sorties de la terre à peine amollie? Avez-vous levé la tête pour contempler la parade en grands V d’outardes découpant le ciel et tiré l’oreille pour entendre leur charabia battant la cadence dans l’azur éberlué?
Envers et malgré tout, cette force herculéenne de l’Univers soutient la voûte céleste d’une main et nourrit de l’autre jusqu’aux plus petits organismes vivants.
Et moi, indomptable vieillotte, oserais-je espérer que le monstre aux enjambées diaboliques ne trouve point mon logis? Oserais-je croire que je puisse être épargnée malgré l’immensité du temps dont j’ai déjà bénéficié ici-bas? Me serait-il possible de regretter tous ces jours où je n’ai pas regardé un arbre de près? Toutes ces jasettes d’oiseaux qui ont atterri dans mes oreilles sans réponse. L’incessant bruissement des branches s’étirant au soleil, l’effervescence des abeilles, le parfum des fleurs et l’amitié des animaux? Toutes ces occasions magnifiques que j’ai ratées parce que je me pensais plus importante ailleurs. Tant de jours et de tant d’années à laisser fondre la neige, verdir le gazon, rider ma peau et faiblir ma verve!
Et pourtant, pourtant.
« Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir », disait Théocrite, (poète grec né en 310 av. J.-C.). Et c’est justement dans cette espérance bénie que je veux m’immerger et renaître meilleure, plus lucide, plus attentive et plus admirative de cette sérénissime dame Nature coordonnant toute l’organisation physique de notre planète.
Vous vous en doutez, ces dix dernières semaines de confinement auront suffi à ce que je devienne totalement consciente de l’importance monumentale de la Nature.
Moi qui viens d’un fleuve descendant vers la mer entre les falaises rouille de la Gaspésie, je n’ai remarqué des champs que les petites fraises sauvages avec lesquelles maman nous faisait de la confiture. Puis, vite harponnée par l’obligation de nourrir mes propres bambins, j’ai joint le marathon de la vie sans même m’informer de la prime au gagnant. J’ai cuisiné, travaillé et bûché à outrance jusqu’à ce que mon Soleil éclaire tout un pays. Puis, des centaines de personnes ont pris la relève.
Ma récompense ultime, elle, a tout simplement germé en moi, pendant ces longues semaines d’accalmie. Peut-être est-ce en mars, en marchant dehors, qu’une céleste semence enveloppée dans un flocon de neige est tombée sur ma tête, a glissé dans mon oreille et a rejoint dans mon cœur, un terreau avide d’aimer.
Ou peut-être est-ce encore moi, en avril, marchant dans les rues des quartiers habités en voulant sauver les petits bourgeons des branches incongrues, coupées et jetées à la rue.
Chaque jour, je ramassais discrètement quelques branches et les ramenais à la maison pour les déposer dans un vase d’eau fraîche. Sur ma grande table trône désormais un beau bouquet de bourgeons que j’ai inondé de becs et de gentils petits mots d’amour. Et ce matin, le bouquet est presque un arbre rempli de jeunes feuilles toutes heureuses d’avoir chaud dans ma grande cuisine.
Comme les branches, je suis moi-même en train de refleurir, plus compréhensive, plus heureuse et totalement convaincue que la bienveillance, l’affection et l’amour sont les meilleures vitamines de croissance.
Cet immense privilège que nous avons d’être vivant, puissions-nous en faire bon usage en aimant davantage.
❤️
Cora
PS : Montagne de becs sucrés à chacun d’entre vous
Je m’extasie encore sur ce sandwich totalement savoureux et facile à faire avec des ingrédients que vous avez dans le frigo tous les jours. Un délice inscrit à notre menu depuis 1989.
Et tout ça à cause de la mère d’une associée de notre troisième restaurant Cora.
Venue de Rimouski en autobus, madame Dolorès Bédard est entrée dans notre nouveau restaurant de Vimont sur une patte, chantonnant et dansant tellement elle se réjouissait de pouvoir surprendre sa fille Martha, alors en train de décorer le grand comptoir à fruits.
« Martha, Martha ma chérie », cria la sexagénaire un peu trop dégourdie. Et Martha, trop surprise, en échappa son panier d’oranges lorsqu’elle entendit la voix forte de sa mère traverser le restaurant de 100 places assises.
- Maman, Maman! Qu’est-ce que tu fais ici?
- J’voulais te faire une surprise, ma p’tite Martha chérie ; j’veux visiter ton restaurant.
Puis, madame Dolorès insista pour me serrer la pince en me demandant tout de go une grande faveur. Elle voulait voir son nom écrit quelque part dans le fouillis de mots cartonné qui nous servait de menu à cette époque.
- Qu’allez-vous prendre pour dîner, chère Dolorès?
- Avez-vous des sandwiches aux œufs? C’est ce que j’aime le plus au monde.
Un sandwich à la salade aux œufs cuits durs tout écrasés avec des échalotes et du céleri finement haché et un p’tit peu de persil et plein de mayonnaise.
Le tout servi entre deux belles tranches de pain bien rôties.
Lorsque je suis revenue de la cuisine avec l’assiette contenant le repas que Dolorès aimait le plus au monde garni, bien entendu, de nos beaux fruits frais, la femme s’est mise à pleurer.
Pleurer de joie parce que sa fille venait de lui dire que Cora avait décidé de nommer ce plat « MIDI DOLORÈS » en son honneur.
Moi aussi j’avais envie de pleurer de joie. Parce qu’encore une fois, j’avais réussi à faire plaisir à quelqu’un avec ma nourriture.
Et depuis ce jour-là, nous vendons chaque semaine des milliers de MIDI DOLORÈS au Québec et partout au Canada.
La recette de mon succès, je l’ai comprise bien des années plus tard, en y repensant, en racontant ou, à l’occasion, en écrivant l’histoire de la naissance de telle ou telle nouvelle création.
À partir de l’instant où une graine d’idée germait dans ma tête, une attente fébrile glissait sur mes bras et faisait se mobiliser dans mes mains tout plein de créativité et autant d’amour bouillonnant dans mon cœur.
Telle une véritable mère, je souffrais, attendant patiemment que le nouveau déjeuner sorte des limbes et me montre son visage.
De la plus simple à la plus formidable nouveauté, chaque naissance me remplissait de bonheur. Et le travail de toutes ces années, aussi ardu fut-il, me semble aujourd’hui une longue épopée d’aventures fabuleuses.
Je ne suis pas du tout une vraie cuisinière, mais j’aime tellement faire plaisir au monde que c’est plus fort que moi. Encore aujourd’hui, j’essaie constamment de nouvelles combinaisons d’ingrédients ou de saveurs. Et c’est toujours dans le but de voir l’étonnement dans les yeux du client ou de faire grimper les décibels de ses joyeuses exclamations lorsqu’il reçoit son assiette de nourriture.
Il faut dire aussi que je ne me suis jamais inquiété de savoir si j’avais les qualités requises pour la tâche. J’aime croire que c’est plutôt le bras invisible du destin ou celui d’un bon ange qui m’aidait à avancer, tantôt me tirant vers un nouvel emplacement magnifique, tantôt me poussant hors du lit un vingt-cinquième jour d'affilée sans repos.
Wow! Comme je suis bénie d’avoir des collègues aussi ingénieux.
Hier matin, l’un d’eux me fait savoir que : « cette année, chère fondatrice, nous allons vous fêter avant l’heure ». Comme la fête des Mères (10 mai) s’avère la plus grosse journée de l’année en restauration, l’équipe sera certainement occupée à s’assurer que tous nos restos ronronnent promptement. Ainsi, chère madame Cora, dès demain vous n’aurez qu’à ouvrir votre porte pour trouver, dans un gros sac soleil, un super déjeuner à assembler en un clin d’œil. Et régalez-vous!
Mangez pour quatre, car il y en aura assez pour six.
Le colis est arrivé ce matin. Chapeau l’équipe! Je vous ❤️.
Et j’ai compris qu’au-delà de me faire manger comme un ogre pour fêter la maman en moi, l’équipe voulait aussi me présenter l’excellente idée qu’elle a eue de concocter pour nos clients un « Bon Gros déjeuner Cora » avec des œufs, du bacon, du jambon, des fèves au lard, des cretons, et même de la sauce hollandaise pour tremper son œuf, des patates à déjeuner, du bon pain pour faire les toasts, du jus pour les enfants, du café pour remplir deux fois votre silex et bien entendu, du sucre à la crème pour finir en beauté.
Mes félicitations à l’équipe furent aussi copieuses que le Gros déjeuner à emporter qu’elle m’a fait parvenir. À mon avis, c’est une excellente idée pour les familles voulant éviter de sortir en temps de pandémie. Et peut-être, qui sait, une idée qui devra perdurer pour accommoder les familles préférant éviter les files d’attente des week-ends.
J’apprendrai rapidement que ce bon Gros déjeuner pour 4 se décline en quatre versions selon les goûts des familles! En plus du traditionnel œufs-viandes, il y a celui des Crêpes épinards-cheddar et leurs garnitures, du Pain doré au sirop d’érable ou des Pancakes bien accompagnées. Tout est dans le sac pour assembler facilement. Vous n’avez qu’à commander et on vous livre ou vous venez en succursale chercher votre commande.
Moi qui m’attendais à un bouquet. Je vais religieusement manger du Cora les cinq prochains matins! Et ça adonne bien, c’est ma nouvelle habitude Covid-19 : prendre le temps de bien déjeuner, me faire un bon café (ou 2 ou 3), apprécier ma jolie cuisine, rôtir un bagel décongelé, y étendre ma bonne confiture et, les doigts collants, feuilleter ma Presse sur l’iPad. Et tout ça sans oublier de savourer ma vie au ralenti avant de chausser mes bottes de 4 kilomètres. D’ailleurs, c’est en marchant que me viennent mes meilleures réalisations. Et la plus flagrante d’aujourd’hui, c’est que la grosse baraque fonctionne sans moi. Mission accomplie maman.
Bonne fête des Mères!
Cora
Je vous ❤️ toute l’équipe!
Il faisait trop beau!
Je n’ai pas cuisiné aujourd’hui; il faisait trop beau, presque comme une journée d’été. Délaissant mon parcours en pleine nature, je suis allée marcher dans les rues d’un nouveau quartier ma paroisse. Quel bonheur ce fut pour moi d’y trouver plusieurs marcheurs à bonne distance, des coureurs en leggings colorés, des chiens, beaucoup de chiens de toutes grosseurs tirant leurs maîtres attachés au bout des laisses. J’ai vu un vieux couple soudé ensemble pour mieux avancer et trois ados se lançant les dernières boules de neige de la saison. J’ai surtout adoré voir des enfants en rang d’oignons derrière un parent, des bambins instables sur des trottinettes, et des poupons emmitouflés dans un genre de poche joliment cousue et attachée aux épaules d’un papa ou sur le sein d’une jeune maman. Et je me suis régalée d’entendre un véritable concert d’oiseaux s’égosillant pour qu’on les regarde, perchés dans un érable squelettique. Croyez-le ou non, je les ai applaudis. Clap! Clap! Clap! Inconsciemment je suppose; j’applaudissais surtout la vie devant moi, tenace et combattive envers et malgré tout.
Et, comme j’avançais dans les rues, attirée par les devantures des maisons pourtant quasi toutes semblables, j’ai soudainement eu l’impression d’avancer dans une véritable galerie d’art. Parce que partout, plein de différents tableaux d’arc-en-ciel étaient épinglés aux devantures des maisons. De beaux arcs-en-ciel colorés et tous couronnés du fameux « Ça va bien aller » joliment calligraphié.
ÇA VA BIEN ALLER; après la tempête viendra le beau temps. Ça m’a touchée comme une grâce tombée du ciel. La certitude s’accroche à moi que l’après-virus sera constructif pour chacun d’entre nous, que les poupons apprendront à marcher, que les ados entreront à l’université et que les coureurs vivront tout probablement jusqu’à cent ans; que moi-même j’apprendrai à me calmer le pompon, à mieux vivre et à intégrer dans mon quotidien les leçons inhérentes à la dure épreuve que nous sommes en train de traverser.
Côté cœur, j’ai déjà signé mon pacte honorable avec la solitude (allusion à Gabriel Garcia Marquez dans « Cent ans de solitude », 1967) et je suis heureuse de le respecter. J’aime la vie sous toutes ses formes et plus particulièrement l’incommensurable imaginaire qu’il me reste à défricher avant de rendre l’âme.
Tellement de mots, tellement de phrases à transplanter entre les lignes afin qu’une histoire puisse prendre vie comme autant de racines, de branches et de bourgeons espérant en silence le mûrissement des fruits.
La fin du confinement nous fournira une belle occasion de nous inventer une meilleure vie. Et j’en profiterai sûrement pour me distancer du travail à outrance, des bavardages insipides, des attachements futiles et des vaines distractions qui ne font que nous rendre indisponible à notre propre bonheur.
Pour les dizaines d’années qu’il me reste ici-bas, je veux davantage consentir à la vie telle qu’elle m’apparaît. Sentir les fleurs, caresser l’écorce des arbres, écrire des poèmes aux oiseaux et pleurer lorsqu’un nuage avale le soleil.
Demeurons stoïques et créatifs.
❤️
Cora
En s’inclinant
Les fleurs
Parlent aux fourmis.
Vouloir tout avoir, tout le temps.
Suis-je la seule à m’ennuyer de m’habiller chic pour aller quelque part d’important? La seule à penser que ce terrible excédent d’oisiveté commence à m’écourter le sourire dans la bouille? La seule à avoir peur que mon cerveau tire de la patte à force de manquer de défis? À m’imaginer que peut-être ma vivacité pourrait perdre des plumes si ça dure encore longtemps?
Privée de mes devoirs de fondatrice, absente des rencontres stratégiques et dépouillée du bonheur de contribuer à l’avenir de l’après COVID-19, qui suis-je donc?
Pour un instant, je me suis même demandé pourquoi c’était moi qu’on enfermait alors que l’assassin danse encore dans les rues.
Nous avons probablement tous plusieurs leçons à tirer de cette présente calamité. La première étant la cruelle démonstration que le pire peut arriver à tout moment et sans prévenir. Réaliser qu’une telle catastrophe comme celle dont nous sommes témoins aujourd’hui est capable d’occire plus de 200 000 personnes en quelques mois; le court temps d’une fonte des neiges chez nous.
Égocentriques, voulant tout avoir, tout le temps, suis-je, sommes-nous disposés à réfléchir aux autres enseignements émanant des présentes circonstances?
Au lieu de broyer du noir chacun pour soi, ne devrions-nous point nous redéfinir au-delà de nos titres, de nos occupations?
Au-delà de nos réalisations et au-delà de nos possessions?
Toute seule chez moi ou ensemble avec vos proches, réfléchissons plus fort que jamais.
Et pour empêcher vos doigts de s’ankyloser, je vous donne une petite recette aussi simple que succulente. Ce tzatziki maison s’avère le meilleur condiment pour accompagner vos brochettes de poulet ou vos côtelettes d’agneau du samedi soir.
Peler un concombre ferme et plutôt grassouillet, le trancher en deux sur la longueur et le dégarnir de ses pépins en les grattant délicatement avec une cuillère à thé.
Ensuite, râper mince les morceaux de concombre en laissant tomber la chair sur un linge de cuisine propre.
Rouler le linge avec la chair bien étendue à l’intérieur et tordez-le de sorte à faire sortir toute l’eau du légume.
Dans un bol moyen, mélanger 500 ml de crème sure et 500 ml de yogourt grec nature; ajouter à ce mélange au goût 3-4 gousses d’ail émincées très finement.
Ajouter la chair de concombre, brasser et mettre au frigo.
Pour les toutes petites familles, vous pouvez diminuer de moitié les quantités
Utiliser alors 250 ml de crème et de yogourt, un moyen concombre et moins d’ail.
À l’occasion, lorsque j’en ai, j’ajoute au mélange un peu d’aneth frais finement haché.
Profitez-en pour accompagner votre assiette d’une salade grecque parfumée à l’huile d’olive et au vinaigre de vin, composée de tomates bien choisies, de concombres frais, d’oignons rouges tranchés minces, de piments frais, d’olives noires et de bon fromage féta.
Brasser en garnissant de persil ou d’origan frais ou séché.
« N’essayez pas de devenir un homme qui a du succès,
essayez de devenir un homme qui a de la valeur. »
Albert Einstein.
Merci de passer cette épreuve avec moi.
❤️
Cora
Imaginez donc qu’il est 11 h 20 et que je viens tout juste de sortir du bain en ce beau lundi ensoleillé de semaine alors que je devrais être au travail, en réunion marketing, en rendez-vous avec un fournisseur ou réfléchissant dans mon bureau à quelque autre matière aussi importante. Et moi, voilà qu’avec un soleil au zénith, je n’ai absolument rien d’autre à faire que de sortir du bain, m’habiller de mou et m’installer au clavier à la recherche d’un contact humain autre que le mien dans un selfie.
Il faut pourtant que je vous dise qu’au lever du jour, je brassais de la confiture. Et oui, encore de la confiture aux papayes parce qu’hier, un illustre inconnu en a déposé trois sur mon perron. Comme vous le savez déjà, la chair des fruits a passé la nuit au frigo et elle dansait à gros bouillons vers 8 h ce matin. Puisse chacun et chacune d’entre vous être mon voisin ou ma voisine pour y goûter!
Nos vies chamboulées font que plusieurs d’entre nous sont au chômage. Et quoi de plus pertinent qu’un bon pouding chômeur pour nous ramener un joli sourire dans le gosier. Alors, tirée du «Guide de la Cuisine traditionnelle québécoise», voici la recette du fameux pouding chômeur que je préfère entre toutes :
Dans une casserole, mélanger 2 tasses de cassonade, 2 cuillerées à table de beurre, une tasse et demie d’eau du robinet et quelques gouttes de vanille.
Porter à ébullition et retirer du feu.
Déposer le sirop ainsi obtenu dans un plat allant au four.
Dans un bol, battre 2 bonnes cuillerées à table de beurre avec une demi-tasse de sucre et un œuf.
Ajouter à ce mélange une tasse de farine tamisée avec 2 cuillerées à thé de poudre à pâte en alternant avec une demi-tasse de lait.
Déposer la pâte ainsi obtenue dans le sirop.
Et cuire au four quelque trente minutes à 350 °F.
Vous allez vous régaler avec un dessert dont le prix est diamétralement opposé à son goût.
À nos débuts, en 1987, quand je servais du pouding chômeur aux travailleurs au comptoir, ils voulaient tous m’épouser. J’aurais donc dû en choisir un dans ce temps-là. Je ne serais pas restée vieille fille, vieille femme avec trois papayes sur son perron.
Merci d’être avec moi
Vous tous qui me lisez.
Je vous ❤️
Cora
Je vous l’avoue humblement : j’ai les yeux plus grands que la panse! Cette belle vieille expression viendrait selon Google du philosophe Montaigne au XVIe siècle. Moi, ça fait drôlement longtemps que j’en ai constaté la véracité quant à mon pauvre moi-même. Au comptoir à pizza, je commande trois grosses pointes « all dressed » alors que je sais pertinemment que je vais en manger une et demie seulement. Ailleurs, c’est un gros club sandwich inondé des meilleures frites au monde sachant que j’en laisserai la moitié. J’aime commander des grillades bien cuites même s’il reste toujours quelques côtelettes dans l’assiette. Je commande chaque fois un dessert pour en manger une cuillerée seulement.
Tout ça parce que ma curiosité a, elle aussi, les yeux plus grands que la panse : je veux savoir comment c’est fait. Et lorsque la bouchée s’avère délicieuse, à coup sûr je vais essayer de reproduire le délice à la maison. Comme ces jours-ci, en plein confinement, presque chaque jour je découvre ou j’améliore des recettes dans ma cuisine. Et j’adore ça, j’adore me perfectionner dans tous les domaines.
J’ai 4 ou 5 paires de lunettes rondes pour n’en porter qu’une seule à la fois, cinq chandails jaunes dans ma commode parce que j’aime la couleur, et les foulards, les bandeaux, les bracelets maison, je n’ai pratiquement plus d’espace pour les ranger.
Je vois grand, je suppose; je surestime mes besoins.
J’aime magasiner, c’est même mon divertissement favori parce qu’encore une fois, ma curiosité est plus grande que ma logique. Et c’est aussi la même chose pour les carambolages de projets dans ma tête. Mon enthousiasme en mène plus large que la largeur de mon autoroute mentale. J’aime à outrance tout ce que je ne connais pas encore.
N’a-t-on pas dit de la vie qu’elle était comme un grand buffet où l’on prend ce qu’on veut? Et je me sers, n’ayez crainte.
Mon appétit de vivre est lui aussi gargantuesque.
La vie, c’est un immense libre-service de possibilités que je fréquente comme une vieille fille encore affamée et curieuse.
En ces semaines de confinement, nous avons davantage de temps pour rêver les yeux ouverts. Pour revisiter notre liste d’épicerie au libre-service.
Faites plaisir aux vôtres, dessinez-leurs des JE T’❤️ et cuisinez-leurs des surprises avec des petits riens qu’on trouve dans nos armoires.
Et je vous aide en partageant avec vous la recette d’une délicieuse crème pâtissière maison qu’une petite fille qui sait utiliser une mixette pourra reproduire elle-même.
Dans un bol moyen, mélanger le contenu d’une petite boîte de pouding instantané Jello à la vanille avec 2 tasses de lait et « mixer » jusqu’à épaississement.
Dans un autre bol, bien fouetter 1 tasse de crème 35 %, puis ajouter au pouding. Bien mélanger. Refroidir au frigo dans un contenant avec couvercle. Ajouter à votre dessert favori ou sur une grande crêpe bourrée de rondelles de bananes ou de fraises fraîches.
Je vous garantis que ce délice maison va ajouter du plaisir autour de la table.
C’est fou ce que le bonheur est facile lorsqu’on y met du sien.
C’est comme pour moi; vous griffonner mes petits secrets me fait tellement plaisir!
Je vous ❤️
Cora
Heureusement qu’hier soir j’ai revisionné Avatar. Et heureusement que les bons ont gagné. Parce qu’hier midi, en revenant de ma marche quotidienne, je sentais que de vilaines Gorgones* à tête de serpent commençaient à envahir mon espace. En mettant le pied dans la maison, j’ai tout de suite su que ces méchantes sorcières s’étaient tout probablement emparées de ma tête, vautrées dans mes divans, empiffrées de ma nourriture et amusées à modifier leurs allures avec mes nombreux foulards colorés suspendus bien visibles dans le hall d’entrée. Mais au lieu de la peur, c’est un cafard monumental qui s’est immiscé dans mes veines. Une déprime aussi grave que des patates à déjeuner brûlées sur la plaque.
Tout l’après-midi, j’ai tourné en rond comme une lionne en cage. Commençant ceci, délaissant cela. Me sentant inutile, bonne à rien et désœuvrée. M’ennuyant tellement de mes anciennes activités, de mes collègues, de mes enfants, de leurs descendants, de mon magnifique arrière-petit-fils et, le pire à avouer, m’ennuyant de l’importance bidon que je croyais avoir dans le monde avant la pandémie.
Les méchants virus endommageront tout probablement la majorité de nos piédestaux et c’est bien tant mieux pour les fanfarons, les gaspilleurs, les irréfléchis et les imprudents.
Le magnifique film de James Cameron m’a complètement touchée, hier soir. Les Na'vi surdimensionnés du clan Omaticaya peuvent nous sembler irréels au cinéma, mais leurs profondes valeurs font partie d’un idéal planétaire auquel chacun d’entre nous devra se rapprocher davantage.
Bref, ce matin, joyeuse en vous écrivant, je me tricote une nouvelle moi. Un tronc de laine aussi fort et courageux qu’avant avec des dizaines de nouvelles mains pour aider, donner, prendre soin, tisser des liens, cuisiner, dessiner, écrire et applaudir.
Merci d’être avec moi
Je vais bien maintenant
Cora
*Dans la mythologie grecque, les Gorgones sont des créatures malfaisantes. Elles habitent un lieu s’apparentant à l’enfer tel qu’on l’imagine nommé Tartare.
On me demande très souvent quel est mon déjeuner favori.
Et tout de go je réponds chaque fois : « La crêpe épinards-cheddar »
Pourtant, la crêpe Jambon-fromage suisse, la délicieuse bananes-choco ou toute autre crêpe au menu sont tout aussi bonnes. Mais je préfère l’épinards-cheddar à cause de ce qu’elle représente pour moi.
Je m’explique.
À nos débuts en 1987, lorsque mon jeune fils m’a vu hacher des épinards frais et les mettre dans le mélange à crêpes il m’a tout de suite interrompue.
-Non, maman, tu ne peux pas faire ça!
-Et pourquoi je ne peux pas? Je vais faire une grande crêpe aux épinards sur laquelle je vais râper du bon cheddar et ça va être délicieux.
-Non maman, les gens ne mangent pas d’épinards pour déjeuner, c’est impossible que ça puisse se vendre.
-On verra, que je lui réponds en continuant de mélanger les épinards dans la pâte à crêpes
Et j’ai étendu le mélange sur la plaque et l’ai laissé bien cuire.
Puis j’ai tourné la grande crêpe.
J’ai râpé dessus du bon cheddar fort, j’ai plié la crêpe et l’ai laissée cuire assez pour permettre aux éléments de tomber en amour ensemble. Puis j’ai servi ce délicieux amalgame de saveurs dans la plus belle assiette de mon inventaire dépareillé.
Cette crêpe improbable est encore aujourd’hui la crêpe salée la plus vendue au Canada.
Et c’est exactement pour cela qu’elle est ma préférée; parce que chaque fois qu’on en parle, je me rappelle qu’en créativité, rien n’est impossible.
Alors, à celles et ceux qui ont essayé de faire des crêpes suite à mon dernier texto, je dis : allez-y, osez, osez!
Ajoutez à votre mélange du granola mince, du kale haché fin, des graines de chia, des pistaches écrasées, de la noix de coco grillée, des brisures de bacon croustillant ou toute autre ingrédient susceptible d’ajouter du plaisir à votre confinement.
Vous deviendrez peut-être comme moi, l’apprentie maison à l’origine d’une crêpe inoubliable. Et de grâce, nommez-la. Vous avez le temps, photographiez-la.
Et choisissez votre fromage. Un local de préférence. Ici, au Québec, on aime bien le Oka, Le Pionnier, le Mamirolle.
Pst… Si vous voulez, envoyez-moi une photo de votre délicieux confinement, ces temps-ci, j’ai tout mon temps!
Cora