Encore et encore des questions!
Vous souvenez-vous, chers lecteurs, de cette prénommée Isabel qui m’a interrogée à quelques reprises? La voici encore qui me supplie cette fois-ci d’interroger l’écrivaine que je suis en train de devenir. Et j’ai dit oui. Oui parce que cette jeune journaliste a de la suite dans les idées et parce que ce livre qui bientôt sera en librairie mérite peut-être quelques bons mots. Je déplie donc son courriel de questions et une après l’autre, je lui réponds.
— À titre d’auteure, quel est votre plus grand désir?
— Mon plus grand désir est sans contredit la possibilité de vivre jusqu’à cent ans. Non pour battre des records de longévité, mais pour avoir l’opportunité d’écrire le plus longtemps possible. Plus j’écris et plus j’améliore mon écriture. Je suis un tantinet perfectionniste et j’aime abonnir tout ce que je fais. Les mots sont mon champ de bataille préféré; les lourdauds, les boiteux ou les têtes vides n’ont aucune place sur mes lignes. En écriture comme en affaires, j’ai fait mes premiers pas sur le tard. J’ai ouvert le premier petit resto d’une grande chaîne à 40 ans et c’est la pandémie mondiale qui m’a ouvert, à 72 ans, la grande porte de l’écriture.
— Quand et comment vous est venue l’écriture?
— En septembre 1954, lorsque j’ai commencé ma première année, j’ai tout de suite été éblouie par le pouvoir des lettres de l’alphabet et j’ai vite appris à construire des mots. Comme la vie de mes parents tristounets déteignait sur nous, les enfants, j’avais pris l’habitude d’écrire en cachette sur n’importe quel bout de papier tout ce qui se passait dans la maison. L’extraordinaire pouvoir des mots m’accompagne depuis toujours.
— En qui ou en quoi croyez-vous, madame Cora?
— Je crois en la force créatrice de la vie et en Celui qui, le premier, a dit « Que la lumière soit ». Même lorsqu’elle se repose et couvre ses yeux de noirceur, la Lumière est. Il y a, selon moi, cette divine programmation du temps qui ne s’arrêtera jamais.
— Quel défaut pouvez-vous vous pardonner?
— Peut-être la gourmandise puisque je suis appelée à goûter tout ce que nous servons et projetons de servir à nos précieux clients. Trente-six années plus tard, je tiens encore mordicus à l’intégrité du concept Cora.
— Quel mot vous définit le mieux?
— Il n’y en a pas qu’un seul! Je suis une gardienne de beaux mots, une plume vaillante, constante et suffisamment créative pour divertir un très grand nombre de lecteurs du dimanche.
— Est-ce facile d’écrire?
— Ça l’est tellement lorsqu’on croit au pouvoir magique des mots; à leur unique façon de semer de belles phrases entre les lignes.
— Où trouvez-vous l’inspiration?
— Un peu partout. Tout m’inspire! La glorieuse banalité du quotidien est ma source d’inspiration première. À cet effet, écrire dans un café est un incomparable spectacle. De l’étrange bouille d’un nouveau client jusqu’au pourtour de son petit cœur, j’observe, je fouille, je scrute et je fabule jusqu’à ce que je découvre de quel bois se chauffe cet énigmatique sourire. Après quatre jours, quatre semaines, bien souvent un étranger devient un habitué de l’endroit.
— Avez-vous un dada particulier concernant votre écriture, une difficulté, une manie?
— J’ai toujours été plus patiente que la patience lorsqu’il s’agit de l’écriture. Lorsqu’une bonne idée m’arrive, je l’entrepose dans mon calepin d’écriture et j’attends. Lorsqu’un léger déploiement de l’idée semble avoir suffisamment mariné dans ma tête, j’entreprends de taper sur l’iPad quelques phrases annonciatrices de l’intrigue. Ligne après ligne, j’avance lentement. Implorant dame inspiration et la fée des jolis mots, plusieurs paragraphes tombent du ciel et meublent l’histoire. Maniaque de la correction, je relis mon texte à outrance. Toujours, toujours en essayant de l’améliorer. Peut-être devrais-je avoir davantage confiance en mon talent?
— Dans quel état d’esprit êtes-vous lorsque vous écrivez?
— Lorsque j’écris, je suis la plus heureuse des femmes; réceptive à l’inspiration, privilégiée, dirais-je. Comme je ne suis pas une écrivaine de métier, je ne m’attends jamais à de grands éloges. Je demeure modeste et confiante en l’avenir.
— Ce livre qui sortira le 27 septembre prochain, qu’en pensez-vous?
— Je crois que c’est un bon début pour une vieillotte s’essayant à l’écriture. J’ai ce souffle brûlant d’espoir. Ma tête demeure un terreau fertile où je n’ai qu’à tirer du néant les jeunes pousses et attendre qu’elles éclosent à leur aise. Écrire pratique ma patience, mon endurance et ma vaillance. « Que du bon », dirait sœur Marie-Ange de ma troisième année en Gaspésie.
Cora
❤