Encore des révélations
Très chers lecteurs, vous souvenez-vous de cette journaliste qui m’a interrogée à deux, peut-être trois reprises? Eh bien, la demoiselle souhaite récidiver et j’ai reçu hier matin un nouveau questionnaire. Vais-je encore jouer le jeu? Je zieute rapidement le texte et la première question me demande…
— Pourquoi avez-vous conservé le nom de votre mari après le divorce?
— Après m’être enfuie du logis, j’ai confié mes enfants à mes parents pour vitement trouver un travail. En décembre 1980, j’ai commencé comme hôtesse à l’accueil dans un grand restaurant populaire de Laval. En moins d’un an, je devenais gérante de jour et quelque cinq mois plus tard, gérante générale de l’établissement. J’y ai travaillé pendant six ans et demi jusqu’à ce qu’un effroyable « burnout » me cloue au lit. Lorsque j’ai finalement pris du mieux, je suis allée reconduire mon plus vieux à son travail et j’ai vu une pancarte RESTAURANT À VENDRE. Le petit bouiboui est devenu un restaurant Chez CORA, et moi je suis devenue Madame Cora. Croyez-vous qu’alors j’aie eu le temps d’entreprendre les démarches juridiques pour changer de nom? NON! Légalement, rien ne m’obligeait à reprendre mon nom de fille et, à cette époque, je préférais conserver son nom de famille et l’argent dans mes poches plutôt que de gaspiller mes avoirs sur la paperasse nécessaire pour m’en débarrasser. Personne ne connaît le prénom du mari et c’est très bien ainsi.
— Vous parlez souvent de votre mariage comme de votre plus grand regret. Pourtant, vous semblez être une femme positive qui sait se sortir des mauvaises situations. Enceinte de votre premier enfant, vous vous êtes mariée obligée. Parlez-nous des trois meilleures choses que votre mariage vous a apportées.
— D’abord, jeune fille au collège, j’avais étudié la civilisation grecque et je connaissais beaucoup de mots venant du grec ancien. J’ai donc appris assez facilement le grec moderne et c’est un rare cadeau de mariage que j’apprécie encore aujourd’hui. Il en va de même de la cuisine grecque que j’ai apprise en un tour de main de mes belles-sœurs. J’ai aussi passé six mois au fin fond d’un village grec où je cuisinais chaque jour avec ma belle-mère. Même elle me complimentait et son fils chéri aimait ma nourriture. Finalement, mes enfants demeureront à tout jamais les plus beaux cadeaux que la vie m’a donnés via ce mariage boiteux.
— Quel est le dernier livre que vous avez lu en entier et quel est celui que vous avez récemment entrepris?
— Sans raison particulière, je n’ai jamais été une lectrice de Dany Laferrière, mais récemment, j’ai lu son dernier petit livre de 134 pages intitulé « UN CERTAIN ART DE VIVRE ». J’ai beaucoup aimé ses réflexions fulgurantes et profondes. C’est un genre d’autoportrait naïf qui, selon l’auteur, lui a pris plus de temps à écrire que tous ses autres succès.
Quant au présent livre que j’ai entre les mains, je voudrais bien qu’il ait deux mille pages au lieu de deux cents, car j’adore l’histoire et surtout la qualité de l’écriture. Le titre est « LÀ OÙ JE ME TERRE » et l’auteure, qui vient tout juste de mourir, se nomme Caroline Dawson. Je vous le recommande chaudement.
— Nommez trois choses que vous apporteriez sur une île déserte.
— Vous ne vous en doutez pas? J’apporterais du papier, de l’encre et une bonne plume fontaine. Tous les jours, je parlerais aux oiseaux, je me nourrirais d’éperlans, de petites fraises des champs et de sublime inspiration.
— Que préférez-vous : la ville ou la campagne?
— Incontestablement, je préfère mes chaleureuses Laurentides et surtout mon village qui a tous les attraits pour me combler! J’adore conduire en été et je fais souvent le trajet de mon village jusqu’à à Mont-Laurier. Partout, mes yeux emmagasinent toutes les beautés du paysage et cet été, je suis tout particulièrement très fière de moi. En effet, tous les plants de lupins sauvages que j’ai transplantés devant ma maison l’année dernière ont fleuri en un joli bosquet. J’adore la nature verte en été et blanche en hiver. J’ai ma tête dans les nuages à la campagne et un petit pied-à-terre en ville, à Montréal.
— Quelle est votre saison préférée?
— Je n’ai pas vraiment de préférence. Chaque matin où je peux encore ouvrir mes yeux, me lever du lit, me laver, m’habiller et marcher dehors, c’est la fête! Je vis dans une grande maison remplie de livres. J’écris chaque jour pour garder ma tête vaillante. La saison du moment présent est toujours ma favorite.
— Dans votre processus d’écriture, que trouvez-vous le plus difficile?
— Écrire est un immense plaisir pour moi et vraiment, ce n’est pas difficile. J’aime chaque étape du processus. Sommeiller sur le divan en espérant une bonne idée. Lire un magazine intéressant et découper un paragraphe susceptible de m’apprendre quelque chose. Écouter les amis discourir et attraper au vol un fait cocasse qui m’inspire. Ma tête est remplie de beaux mots qui dansent, qui tournent et qui glissent tout doucement entre mes lignes.
Cora
❤️