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25 août 2023

Des milliers de mercis

Très chers lecteurs et très chères lectrices, me voici ce matin, ébahie et surprise de constater que la missive d’aujourd’hui est la DEUX CENTIÈME LETTRE DU DIMANCHE. Oui, oui! Le temps passe tellement vite. Croyez-le ou non, j’ai écrit la première lettre à être publiée sur la page Facebook des restaurants Cora le premier avril 2020 alors que la planète entière entreprenait une troisième semaine de confinement obligatoire. Tout était fermé et nos cœurs pleuraient de ne plus pouvoir servir notre chère clientèle.

Nous voulions tellement vous garder dans nos cœurs et aussi vous nourrir à distance d’assiettes de jolis mots, réconfortants et stimulants. Lettre après lettre, avec le temps, vous êtes désormais des milliers d’yeux affamés de belles phrases et passionnés d’historiettes qui me suivent. Mon âme palpite, juste à y penser. Tout ce que mes doigts ont composé; tout l’amour que mon cœur a engrangé.

J’imagine des oiseaux, des centaines d’oiseaux de toutes les couleurs transportant mes mercis à tous ceux qui me permettent d’écrire. À ceux d’abord qui m’inspirent, qui me lisent, à ceux qui traduisent mes mots, à ceux qui les corrigent, et à ceux qui les envoient dans des tunnels magiques jusqu’à ce qu’ils arrivent sains et saufs, chaque dimanche, sur les écrans de nos fidèles lecteurs et lectrices.

De loin, je vois les aigles royaux comme des taches d’encre dans le ciel. Ce sont eux qui transportent mes plus lourds mercis, ces éloges qui s’adressent à l’incorporalité de ce monde. Merci à l’inspiration, ce souffle créateur qui, telle une source inarrêtable de mots, matérialise mes pensées. Merci à la créativité; cette fontaine divine qui jamais ne s’assèche et qui me permet d’imaginer une forêt à partir d’un buisson d’herbes folles.

Merci à ce précieux talent d’écriture hérité de ma mère et dont j’ai compris l’existence seulement après sa mort. Quel immense cadeau d’une maman silencieuse!

Merci à la vaillance, cette courageuse guerrière qui me comble chaque matin d’écriture d’une page bien remplie. Merci à la persévérance qui améliore l’originalité de mes mots et la rhétorique de mes phrases.

Avec leurs longs becs arqués, les grosses corneilles noires protègent ma demeure et c’est moi qui les remercie. Des journées entières, j’écris dans la verrière au rythme de leurs crôak-crôak. J’ai souvent l’impression qu’elles attirent mon attention.

Des fées très sages volettent aussi derrière les nuages. Elles attendent que mon encre s’assèche; que mon corps s’envole et que l’âme se fendille en milliers de virgules étoilées.

Je suis dans la gratitude la plus totale; tellement qu’on dirait quelquefois que c’est l’écriture qui a besoin de moi. Les mots m’attirent comme des aimants, ils soulèvent mes phrases et les lancent aux quatre vents.

Je remercie mes cinq sens à l’œuvre pour enrichir mon bien-être. Entendre de la musique, goûter un premier café ou croquer dans une pomme bien mûre, voir le soleil mauve se coucher, serrer dans mes bras mon petit-fils et humer l’étourdissant parfum des roses. Quel bonheur!

Je remercie mes enfants, leurs enfants et les deux arrière-petits-fils qui engraissent mon bonheur. Je remercie mes inconditionnels amis qui sont pour moi de véritables anges gardiens vivant à proximité de mon patelin : Catherine, François, Neil, Éric, Adèle, Carmen, Patricia, Claude, Steven et Marie-Pierre.

Je remercie tous les grands écrivains, les poètes et les paroliers; tous ces êtres qui m’éblouissent et m’apprennent bien souvent les rouages du métier.

Finalement, je remercie la folle du logis qui réside dans ma tête. Elle a ce caractère irraisonné de l’imagination, laquelle échappe à la raison.

Toujours, toujours, cette folle du logis m’aide à peaufiner le récit. Elle plante des fleurs dans la marge, trouve des mots rares, efface les adverbes inutiles et parachève la conclusion du récit.

Cora

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