Avant d'éteindre mon cœur
Ma dernière lettre parlait d’une croisière en Alaska qui figurait sur ma fameuse « bucket list » (ma liste de vie), et ça m’a motivé à vous en dire davantage sur cette démarche et sur ce que je souhaiterais expérimenter avant de mourir. Chacun d’entre nous, chers lecteurs, devrait ralentir, réfléchir, choisir, nommer et lister les quelques activités, les souhaits ou les rêves qu’il voudrait réaliser avant le grand départ. Pensez-y un brin. Surtout nous, les vieux, qui entendons le tic-tac de notre cadran de plus en plus fort.
Toute ma vie, j’ai adoré faire des listes! Liste d’objectifs à atteindre, liste de documents à apprendre par cœur, liste de plans à approuver, liste de nouvelles recettes à maîtriser, liste de tâches quotidiennes à accomplir, liste de succès de librairie à dévorer, liste de lettres à peaufiner et liste bringuebalante de désirs inassouvis.
On peut commencer notre « bucket list » en écrivant pêle-mêle tout ce qui nous vient à l’esprit et après, on décline par priorité. L’objectif étant d’identifier des expériences simples ou audacieuses que vous souhaiteriez vivre et de les projeter dans l’univers des possibilités.
Choisir s’avère aussi complexe qu’extraire le noyau d’une cerise sans se tacher les doigts. J’ai cet épouvantable amoncellement d’années derrière ma cravate et, malgré toute cette expérience, je ne sais pas encore ce qui vraiment me comblerait avant de m’envoler. Encore un peu de succès? Un peu d’amour? J’ai certainement encore besoin de temps pour expérimenter ce véritable amour que j’ai toujours cherché.
Avant d’éteindre mon cœur, j’aimerais refaire le tour de ma Gaspésie natale. Cet été, je suis trop occupée avec l’entreprise, mais l’an prochain, j’y vais. Promis!
J’ai souvent souhaité la présence d’un animal domestique afin d’expérimenter l’affection et l’attachement de la bête envers son maître. Mais, trop occupée à semer des restos un peu partout au Canada, j’ai toujours hésité. Suis-je maintenant trop vieille pour apprendre le langage d’un animal? J’imagine ce petit chiot ou chat bien au chaud sur mon divan qui regarderait les documentaires avec moi et jouerait avec mes balles de laine.
Je rêvais d’aller à l’opéra une première fois parce que j’adore la voix humaine et l’interaction des personnages chantants et j’ai enfin vu « Madama Butterfly » au printemps 2023. Un immense chef-d’œuvre. Y retournerai-je bientôt? Absolument! J’attends le TURANDOT de Giacomo Puccini. Cette célèbre histoire d’une princesse imaginaire de la Chine médiévale, aussi belle que cruelle. Vite, vite, je me renseigne à savoir si nous pourrons bientôt le voir à Montréal!
Je souhaiterais visiter la Suède et plus spécialement les boutiques de l’artiste designer Gudrun Sjödén. Dans une autre vie, j’aurais adoré être sa voisine et travailler dans ses ateliers. Demandez à Google qu’il vous présente les vêtements inusités de cette grande artiste suédoise.
Je voudrais également visiter l’Islande, mère-patrie de mon écrivaine préférée, Audur Ava Ólafsdóttir, auteure du célèbre roman Rosa Candida et de plusieurs autres livres délicieux. C’est d’ailleurs à Ólafsdóttir que nous devons le magnifique film « Hôtel Silence » adapté au cinéma par la grande réalisatrice québécoise Léa Pool. À voir, absolument!
Je rêvais d’écrire et de publier un nouveau livre et je l’ai fait à l’automne 2023. Une assez belle réussite qui m’encourage à persévérer dans l’écriture.
J’espère vivre le plus longtemps possible; dépasser mes cent ans, si l’ange de la longévité me le permet. J’aime me réveiller chaque matin, ouvrir mes yeux, entendre mon cœur battre, me lever et bénir mes doigts qui réussissent encore à taper sur le clavier.
Notre « bucket list », c’est une énumération de souhaits, de rêves ou de défis que nous aimerions réaliser. Il s’agit d’un panier sans fond dans lequel, à tout moment, nous avons la possibilité de déposer un nouveau rêve ou d’en retirer un qui ne nous dit plus rien ou que nous avons déjà concrétisé. Vaut mieux faire en sorte que notre liste trouve un certain équilibre entre petits et grands défis. Les plus faciles nous motivent à entreprendre les plus coriaces!
On suggère aussi de relire souvent notre liste pour ne pas perdre notre intérêt à sa réalisation et pour y cocher les désirs ayant été comblés. Ne s’agit-il pas là d’une belle occasion de nous réjouir et célébrer? Révéler les réalisations de notre « bucket list » à des membres de notre famille ou à des amis pourrait en motiver plus d’un à entreprendre sa propre liste. Ne serait-ce pas un magnifique cadeau à leur offrir?
Je crois fermement que déclarer nos souhaits à l’univers se révèle la meilleure façon de provoquer leur réalisation.
Cora
❤️