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4 février 2024

Ma passion d'écrire

Je suis du genre à terminer une lettre le mardi et à vouloir en commencer une autre le mercredi. C’est très rare que je reste à ne rien faire. Soit je suis appelée à l’entreprise, soit j’amorce quelques chantiers de ménage dans ma grande maison. Je dévore aussi de sérieuses informations à la recherche d’une histoire à vous raconter. Assez souvent, ces jours-ci, je badine, je rigole, j’écris des poèmes que j’entrepose dans un recoin de ma caboche. Je fais danser mes doigts sur le clavier comme si j’avais peur qu’ils ne s’ankylosent juste à trop réfléchir.

La page blanche est une maison vide dont il faut prendre possession. J’ouvre la porte et tout est blanc; tout est vide. J’ai peine à distinguer la hauteur des murs, la grandeur des pièces. J’avance à tâtons dans une luminosité étourdissante.

Une fenêtre entrouverte laisse entrer un oiseau; c’est un merle noir, aussi noir que mon encre avec son joli bec orange. Et voilà que la couleur chante dans ma tête; elle réveille tous mes sens. Venant de nulle part, j’entends de timides gazouillis, des grésillements de mots. L’oiseau ivre d’encre convoque la folle du logis; l’irraisonnable imagination échappe à toute raison et le texte apparaît. Prenant la forme d’un nuage dansant dans le ciel, mille oiseaux se rassemblent et emplissent mes pages de signification. Écrire est la plus magique des passions. Elle ouvre la voie au miracle quotidien.

J’aime le poème, ses phrases courtes, son rythme et ses mots évocateurs. Comme une guirlande, comme un chapelet de bonnes intentions, le poème endimanche chacun de ses précieux mots. Sans savoir si mes lecteurs apprécient l’idée d’en lire quelques-uns, j’en lance aux quatre vents à l’occasion. Toujours, toujours, j’essaie de trouver la forme qui convient le mieux à ce que j’ai envie de dire. Une courte histoire, un fait saillant, un souvenir d’enfance qui ressurgit; tout me nourrit, tout est pitance à l’écriture.

Je suis encore une novice qui s’améliore. J’ai dû faire mille détours avant de pouvoir me consacrer à ma passion des mots. Mais il n’est jamais trop tard et j’insiste pour continuer. Je suis une bonne raconteuse de faits réels. J’aime décrire ce que je vois, ce que je ressens, ce que je conclus d’un fait réel. J’ai quelques fois tendance à enjoliver la nature humaine. Surtout en ce qui concerne mes vieux princes charmants. Je les veux magnifiques, intelligents et prometteurs, quitte à pardonner leur allure téméraire et leurs propos aventureux juste pour faire danser mes mots.

Je ne suis pas une écrivaine engagée plaidant des causes concernant la gouverne du monde. Je suis clairement une rapporteuse du quotidien capable d’embellir la moindre petite chose, la tristesse d’un lieu, d’un propos ou d’un cœur amoché. J’ai cette tendance naturelle à toujours endimancher l’ordinaire.

J’observe, je lis beaucoup et je prends des notes. J’ai des dizaines de calepins noircis de jolis mots. Depuis toujours la vaillance des abeilles m’inspire et j’ose rêver qu’un de ces jours mes humbles mots puissent devenir du bon miel.

Depuis le Salon du livre et la publication de mon récent recueil, beaucoup de gens me reconnaissent comme auteure et j’en suis ravie. Je réfléchis. Peut-être devrais-je taquiner une différente forme d’écriture inédite pour moi? Essayer ma plume sur une « nouvelle » peut-être? Ce genre d’écriture est un bref récit fictif faisant appel à la réalité. Généralement, la nouvelle se termine avec un dénouement inattendu qu’on appelle « la chute ».

Comme il s’agit d’une courte histoire, la nouvelle littéraire comporte peu de personnages, peu d’action et peu de lieux. L’intrigue est souvent menée par un seul personnage ou deux. Je me demande si la nouvelle pourrait avoir la même longueur qu’une Lettre du dimanche, plus ou moins 1200 mots.

WOW! Je m’emballe. L’écriture me permet de grandir et d’ouvrir en moi de nouveaux possibles! Je ne crois pas qu’écrire soit le privilège uniquement des poètes, des philosophes et autres romanciers. Il suffit de m’y mettre avec passion et détermination pour que l’écriture devienne ma meilleure amie.

Déjà, je me cherche un personnage. Un être fictif que je vais devoir sortir du néant et créer de toute pièce. Pourrais-je raconter une histoire qui n’est pas totalement vraie? Pourrais-je apprendre à garnir le portrait psychologique du personnage central? Créer une intrigue inattendue avec seulement 1200 mots, en suis-je capable?

J’imagine déjà que l’intériorité du personnage central occuperait une grande partie du court récit. Ses sentiments et ses émotions deviendront peut-être une caractéristique prédominante dans le déroulement de l’intrigue. Déjà dans ma tête, je dessine deux vieux crapauds qui s’obstinent. Ouache! Serait-ce trop ordinaire comme intrigue?

Lorsqu’on est plus âgé, excepté nos pilules, on brasse beaucoup moins de choses hyper importantes. Et pourtant! La finale doit être surprenante, époustouflante et totalement inattendue. Quel défi!

Moi qui prends mes aises dans la page, je vais devoir me soumettre à un impératif de brièveté si je veux écrire une nouvelle. Que les anges m’aident à écourter mes phrases!

Cora

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